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ete retrouves, ils comptent bien un sechoir chauffe^.
La notion de potier-paysan est reconnue un peu partout, de TAngleterre du bas Moyen-Age aux potiers de Sevrey, en Bourgogne, au milieu du XVe siecle^. Les conditions politico-economiques ont dO notablement jouer sur la constitution de villages specialises avec fours ioues en commun ou sur la preservation du statut informel de potier isole n'ayant qu’une activite marginale quoiqu'importante pour la communaute. En Bourgogne, par exemple, seuls les ateliers seigneuriaux peuvent obtenir un droit d*usage sur les for£ts^. En Forez, au contraire, la situation est plutót favorable aux paysans qui disposent sans probleme du droit dłusage, ce qui fait d*eux les seuls approvisionneurs en bois des villes et qui les pousse sans doute a associer plus facilement le metier de potier en terre a celui de laboureur. Mais dans quelle mesure n*y-a-t-il pas tres vite eu coexister>ce des differents types d'organisation ? A l’epoque modeme, des potiers semi-industriels regroupes en "poteries" ont pu naTtre de la disparition des potiers paysans a activite saisonniere. Co-existence ou succession ? La poterie de Saint Georges de Baroille, situee a mi-chemin entre Roanne et Montbrison, est connue depuis au moins 1668. Y habitait un "Jean Lata, potier de terre" 18. Mais, les archives n*allant pas en deęa, il n'est pas du tout exclu que ce centre ait ete potier bien auparavant. A moins encore que des villages potiers ne se soient greffes sur le four isole d*un potier de village, a la suitę de strategies familiales ou matrimoniales connues pour d*autres corps de metier.
Bien differente du systeme corporatif des artisanats urbains, connus par le Livre des metiers d'Etienne Boileau, le potier en milieu rural a dO £tre iongtemps une activite exclusivement familiale. Comment devenir potier ? "Quiconques veut estre potier de terre a Paris, estre le puet, pour que il ait de coi et il faire le sache"^. A Paris comme en Bourgogne, vaiets et apprentis sont alors engages par le mattre potier, a moins que ne leur soient preferes fils ou neveux, force de travail utile et obtenue a moins de frais, car le potier, en ce cas, n'a rien a payer aux autorites royales^O. En Forez, les metiers sont restes libres, m£me au XVe siecle, et misę a part la boucherie, l*historien ne possede aucun renseignement sur de nombreuses activites professionnelles.
Un testament forezien, datę de 1357, etablit pourtant qu\jn potier leguait a son fils ses outils de travail, tour et b&ton, de m^me que les pots stockes dans 1’ateller. C*est-a-dire, on peut Padmettre, que son fils travaillait avec lui comme aide ou apprenti, ou comme associe. On devient donc potier par heritage21 apres avoir appris son metier aupres de son pere, des son jeune ige. Et tout comme a Sevrey, en Bourgogne, on releve sur les pots des traces de doigts dont le petit module ne peut Stre attribue qu*a des femmes ou a des enfants. Ces empreintes de petite taille, rares cependant, contrastent avec les larges traces de pouces adultes, sans doute masculins et de forte constitution. Elles sont limitees a certains types de decor. Tout se passe comme si le potier, homme et adulte, se reservait le tournage et le tournassage, operations les plus difficiles techniquement et aussi les plus fatigantes, tandis que la pose des anses ou des bandes appliquees etait, parfois seulement, reserves aux apprentis ou aux jeunes enfants.