rfaetoriquelc, bien que leur interet ait ete souligne a plusieurs rcpriscs par un savant aussi notoire que Paul Oskar KristcUer19. L’oristence de teis manueis n’a pas empecbe certaiiu auteurs d’afl5rmer que Part oratoire "seculier", apres avoir sombre en menie temps que la civilisation antique dont 3 etait issu, etait dctneure inconnu pendant tout le Moyen Age, avam de reparartre a la Renaissance20. Un teł jugement apparart excessif: bien avant Ie XV* siecle, en Italie21 et adleurs, les assemblees politiąues, les procedures judiciaires et les missions diplomatiques ont du donner lieu a autre chose que des aUocutions improvi$ees. D’ailleurs, Phistoire de la rhetorique dans rOccident medićval ne saurait etre batie uniąuement a partir de Petude des manueis normatifs: elle doń egalement tenir compte des divers echos qui nous soni parvenus de la pratique de Peloquence durant cette periode Dans un article recent, Mark D. Johnston s’est eleve contrę le "theorocentrisme” reducteur qui a jusqu’a present, selon lui, largement prevalu dans Phistoriographie: examinant les discours politiques prononces, le plus souvent en catalan, devant les Etats generaux du royaume d’ Aragon entre le XHT et le debut du XV* siecle, il a pu demontrer que la plupart de ces morceaux d’eloquence - on en conserve une vingtaine - appartiennent a des genres oratoires nettement definis, soit Yarenga italienne et une formę simplifiee du sermon thematique22.
Le cas aragonais, particulierement bien documente, ne doit pas faire oublier que seule une infime partie des discours politiques prononces par les orateurs medievaux nous est parvenue. Pour reconstituer l’evolution de la pratique de Part oratoire seculier, Thistorien doit savoir tirer
18 Le traitcmem rćserve aux aries arengandi dans les ouvragcs et les articles de syntbese sur Hustotre de la rbetorique en Occidcnt est revelateur: ainsi. J. i. Mtirpby (Rhetoric in the Middle Ages* p. 122 et "Rhetoric: Western European", p. 363) et G. A. Kenneth' (op. citp. 187) se contentent de roentionner brievement leui existence. Jusqu ici. ces oeuvres ont etć etudiees presque exclusrvemcni par une poignće de spćcialistes italiens: voir les indications bibliographiques fouraies par Mark D. Johnston. "Pariiamentary Oratory in Medie\al Aragon". Rhetohca. vol. 10. no 2 (printemps 1992). p. 104 n. 17.
19 Loc. cif., pp. 11-12.
20 Brian V»ckers (!n Defence of Rhetoric, Oxford. Clarendon Press, 1988, pp. 225-226) ćvoque ainsi mthe detachment of [medieval] rhetoric from its social and political context", une situation qui aurait selon lui entraine de fiicheuses consequences: mbeing cut off from its role as the art of communication between speaker and listener(s), rhetoric lost a concem with persuasion, psychology. and other factors irtvołved in being addressed to on audience
21 "The statement. often repealed by historians, that medieval rhetoric was exclustvely concemed with the letter and with the sermon, sińce public oratory was unknown during those centuńes, is correct up to a certain point. Il is, however. not entirely correct. In Italy, the rise of the city-states and their new institutions brought about a revrval of secular, public oratory (...]. The earliest testimonies of the practice of secular oratory datę prom the twelflh centurym (P. O. Kristeller. loc. cit., p. 11).
22 Loc. cit., pp. 99-117.