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A la difference, un diplomate est avant tout un negociateur. Comme le demontre la surprise, en 2011, des chancelleries occidentales devant le «printemps arabe», la conduite quotidienne des relations intemationales rend tout processus de planification difflcile devant l’imprevisible. Le caractćre fluide de la situation dans le monde se modifiant a chaąue instant, les politiąues doivent constamment etre reajustćes. Ainsi, bien qu’oeuvrant au sein d’une hierarchie, le diplomate peut remettre en question tant les objectifs que la misę en ceuvre de la PEC. II doit etre capable de comprendre de maniere gćnerale toutes les regions du monde et toutes les thćmatiques canadiennes puisqu’au finał elles sont toutes inter-reliees. Le processus permettant d’aboutir & une decision comprend une consultation de tous les acteurs gouvemementaux potentiellement interesses par le sujet. Afin d*en arriver a un consensus sur la prochaine prise de position diplomatique, il y a donc une longue etape de negociation a 1'intćrieur du gouvemement. Les echeanciers sont souvent depassćs, mais la solution choisie est nuancee et reflechie. La comprehension du contexte devient alors cruciale a une bonne negociation tandis que, chez un militaire, la mission et 1’atteinte des objectifs prennent le dessus sur ce contexte. II n’y a pas une minutę inutilement perdue dans une prise de dćcision militaire. Le commandant se fait presenter la situation et quelques options par son ćtat-major, mais choisit seul celle qui lui apparait la meilleure. En fin de compte, nous pourrions simplifier que « les civils chercheront toujours des raisons pour en faire le moins possible alors que les militaires cherchent toujours des raisons pour en faire plus, meme
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lorsque ce n’est pas requis. » Si l’on peut reprocher aux militaires de simplifier & l’exces les situations, les diplomates ont aussi tendance & compliquer tout outre mesure. Bien que ces caracteristiques soient peręues comme necessaires, elles peuvent encourager 1’animosite et les sterćotypes negatifs: «les militaires ne reflechissent pas avant d’agir» ou «les diplomates parlent beaucoup, mais agissent peu ».
La perception du temps est egalement fondamentalement differente. Puisqu’oriente vers 1’action, un commandant militaire apprehende le monde en fonction d’une situation de depart et du resultat voulu a la fin. Deploye pour moins d’un an, il lui est alors impossible de ne pas percevoir des progrćs, et ce, meme si la situation globale empire. Le Canada n’a pas fait dix ans de guerre en Afghanistan, il a fait «une guerre d’un an qui s’est deroulee dix
Entrevue avcc un bureaucratc.
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