part les exces (Tanalyse ne faisaient pas defaut, et on se perdait quelquefois dans des questions capitales comme celle de savoir s’il etait permis de tuer une puce ou un pou le dimanche, question qu’on resolvait par Paffirmatiye pour le malheureux pou, puisqu’il etait trop pacifique pour se defendre, alors qu’on devrait laisser le champ librę ce jour-la a la puce, plus com-bative 370).
II est tres remarquable pour la renommee de Bossuet que dans ces circonstances deux des professeurs les plus celebres se soient attaques neanmoins a son oeuvre.
Les catholiques de leur cóte avaient des difficultes d’un autre ordre a surmonter. Sous la conduite apostolique de Neercassel la Mission hollan-daise commenęait a se retablir des coups que le protestantisme, protege par les autorites seculieres, lui avait assenes. Mais deja les synodes recla-maient avec une insistance toujours plus grandę Texecution rigoureuse des placards interdisant le culte catholique. Ce ne sont pas la des circonstances favorables a 1’eclosion d’une grandę litterature de controverse. Au danger exterieur s’ajoutaient en outre de graves discordes interieures, qui troublaient fortement les esprits et qui devaient mener au schisme
de 1723.
Des qu’on quitte le premier plan, Tetat de choses change d’aspect. Nombre de pasteurs, instruits a Tuniversite dans Part de discuter, entraient dans leur ministere comme de parfaits batailleurs. Generalement ils ne tardaient pas a en venir aux mains avec les catholiques. Ces rencontres etaient surtout frequentes aux confins des Pays-Bas septentrionaux et meridionaux puisque dans le sud du pays la restauration catholique com-mencee sous Alexandre Farnese de Parmę s'etait pleinement accomplie sous Tarchiduc Albert. On se livrait combat en de nombreux ecrits popu-laires en langue yulgaire, en des dialogues ou des chansons. Tous ces pamphlets n’ont pas fait avancer la controverse religieuse d’un pas: remplis des artifices grossiers de la lutte pamphletaire, ils se nourissent d’une erudition peu originale. C’est pourtant ce qui les rend interessants pour notre sujet, puisque dans ces opuscules populaires on peut souyent montrer du doigt les modeles que les auteurs ont suivis, ou que tres souyent meme ils n'ont fait que copier tout simplement371).
Une double preoccupation se manifeste dans les efforts des mission-naires hollandais. II va sans dire qu’ils s'efforęaient de se preserver des attaques ennemies. Mais avant tout ils etaient soucieux de fournir aux fideles illettres des arguments tout faits dont ceux-ci pussent se servir dans les debats religieux qui en ce temps-la etaient a 1’ordre du jour. L’atmosphere dangereuse ou ils vivaient les contraignait a mettre leurs
37°) L Knappcrt, o.c., t. I, p. 269.
37ł) P. Polman O.F.M., dans Studia Catholica, 12e annee (1936), p. 89 sq.