58 LES DĆTERMINATIONS essentielles
n’est-elle pas frappante? Et les expressions elles-memes: Non semper peccat... quotiescumque... sed quando... rappellent le tempus exłremae necessitaiis selon que Ton voit ou ne voit pas les signes evidents qui ne peuvent echapper a personne, mais qu’on ne peut indiquer que d une maniere gćnerale. C’est a celui qui a des richesses, au dispensateur de juger des circonstances concretes selon la prudence. Si elles lui apparaissent telles qu’il ne peut se soustraire a ces signes evidents, il peche mortellement dans ce cas concret. En dehors de la, il reste tenu de donner de son superflu, mais prout sibi visum fuerit opportunum.
Donc, dans cette premiere reponse rien de contraire a 1’ensei-gnement tenu jusqu'a datę; bien plus, on y trouve la confirmation d’un point important: il faut donner dans le cas d’extreme necessite non seulement de son superflu d’etat, mais de son superfluum vitae. Cest la, en effet, le sens de Tobjection, et on n’y contredit point; on se contente de prćciser le temps ou cela sera obligatoire.
2) Mais voici la seconde objection plus specieuse, ou la ne-cessit6 plus ou moins grandę semble jouer un role:
Praeterea, praeceptum plus obligat quam consilium. Sed dare omnia quae quis possidet, est consilium; et tamen ad hoc homo obligatur in casu extremae necessitatis. Ergo etiam extra casum extremae necessitatis tenetur aliquis superflua dare pauperibus, cum hoc sit in praecepto; et ita qui non largitur, peccat mortaliter.
Nous sommes, on le voit, dans la delicate question des rela-tions etroites entre les conseils et les preceptes. Avant de lirę la reponse de saint Thomas il faut rappeler brievement les prin-cipaux points de sa doctrine sur ce sujet1.
La formę demiere et parfaite se trouve dans la II* IIae, 184, 3; mais la doctrine etait deja apparue en vive lumiere au moment de la querelle avec Gerard d’Abbeville, dans les deux opuscules: De Perfidiom oiłae spiritualis (1269), et le Contra retrahentes homines a religionis ingressu, c. VI (1270);