a Tinąuietude des protestants allemands, qui l’un apres 1’autre lancerent des refutations du livre redoute211).
Les paroles flatteuses que, dans TAyertissement pour la nouvelle edition de YExposition, Bossuet adressa a Neercassel, „ce prelat qui fait lui-meme de si beaux ouvrages", ne sont sans doute qu’un faible rejaillissement de la joie et de la reconnaissance dont son coeur debordait.
UNE DOUBLE CAUSE.
A son tour l’ćveque de Castorle se mit a entrevoir les nouveaux services que son illustre correspondant pourrait rendre a la Mission hollandaise.
Un grand evenement projetait alors son ombre. La Revocation de 1’Edit de Nantes, un des faits les plus decisifs et les plus lourds de consequences pour l’avenir de toute 1’Europe occidentale, etait d’ores et deja en chantier. Et la Hollande commenęait a en ressentir le contrecoup. De graves soucis allaient assombrir les demieres annees de Tadministration du Vicaire apos-tolique. U les prevoyait et cherchait a les detoumer. Quoi de plus naturel que de faire appel a Bossuet, qui jouait un role si brillant dans le pays d’ou menaęait le danger? Le 15 septembre 1680 il etait encore optimiste, puisque les Etats traitaient les catholiques „avec plus d’indulgence qu’ils ne le faisaient avant les dernieres guerres” 212). Quelques mois plus tard son ton trahit deja une ombre d’inquietude. „La Politiąue du Clerge de France, ecrit-il alors, parait avoir ete composee avant tout pour inspirer a nos Etats la fureur des Anglais contrę les catholiques”. Pourtant on continue a traiter les fideles avec indulgence et a fermer les yeux sur les progres de la religion catholique 21S). La situation va vite en s’aggravant, et le 23 octobre de la meme annee il pousse deja un cri d’alarme. Les refugies calvinistes de France se comportent partout comme „les clairons de la persecution” qui doit etre infligee aux catholiques, en exagerant infiniment les peines et les miseres quJils disent avoir endurees en France. Leurs tentatives aupres des Etats de Gueldre n’ont pas ete vaines. Si on excepte Nimegue, toute la Gueldre a proscrit les pretres, interdit les offices divins sous peine de graves amendes, et pris d’autres mesures qui nuisent beaucoup a la religion catholique. On espere pourtant que les Etats
211) Aux refutations signalees par A. Rebelliau (Bossuet historien du protes-tantisme, p. 77 notę 3 et p. 296 notę 2), Ton peut ajouter : Carl Gottfried Engelschall, Kurtze jedoch griindliche Wiederlegung des Bischoffs von Condom, Hm. Jac. Ben.
Bossuet...... Schneeberg, 1729. P. Bayle, Nouvelles de la Republiąue des Lettres,
sept. 1685, voit deja dans tous les efforts pour refuter le livre de Bossuet des preuves irrefutables de Tinfluence grandissante du controversiste catholique.
212) Lettre inedite. Cf. Appendice III.
21S) Lettre du 27 mai 1681, Correspondance, t. II, p. 223-224. II est ąuestion du livre de Jurieu, La Politiąue du Clerge de France sur les moyens de detruire la religion protestante en France, paru a Amsterdam en 1680.
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