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quasi exclusifs de la majeste royale2*. Grace a sa puissance (potentia), le roi est en mesure d’imposer sa justice aux grands feodaux aussi bien qu’a ses sujets reyohes29 Sa juste colere (ira, iracundia) doit inspirer a tous crainte et respect (l, 92 et 128). Cependant, le prince ne doit pas abuser de son pouvoir le"tempus miserandi" (L, 238) doit faire suitę au chatiment des coupables30. En 1382, peu apres la victoire de 1’armee royale sur les Flamands a Roosebeke, le Religieux met les mots suivants, adresses au comte de Flandre, dans la boucbe du jeune Charles VI: "Priscorum [...] seąuentes wstigia, qui clemenciam pre cunctis virtutibus ampleciando, regnum perpetuandum in amore et obediencia dwcerunt subditorum, comitatum vobis et subditos liberaliter redono" (I, 226). Quant a la sagesse, elle apparaft dans 1’Ancien Testament comme la vertu royale par excellence31. Pendant longtemps, avec en tete l’exemple de Salomon, les "miroirs" la presentent avant tout comme un don de Dieu. Mais a partir surtout de la renaissance intellectuelle du Xir siecle, le prince, pour etre sagę, se doit aussi d’etre savant32. Le premier, Jean de Salisbury lance l’idee selon laquelle nrex illiteratus ąuasi asirtus coronatus"3?. Et plus le temps passe, plus la notion d’un roi inculte semble inconcevable. Les exigences des auteurs augmentent. Au temps de saint Louis, on s’attend surtout a ce que le roi ait la connaissance des saintes ecritures; un siecle et demi plus tard, Charles V, le premier 3 Le souci de menie en scene et d exalter la majeste royale a parfois conduit le chioniqueur a dćfonner les fails. Dans son recit de la paix de Toumai (1383). qui mit fin a la guerre avec les Gantois. Michel Pintoin a considerablement reduit le role du duc de Bourgognc prenant soin d’"ecarter tout ce qui a uran pu suggerer une clemence ducale ou un pardon ducal" (B. Guenee. "Fiction et realite dans l’ocuvTe du Religieux de Saint-Denis", p. 11), et magnifiam au contraire le role du roi. qui netait me me pas prćsent lors de la conclusion des accords ^paLx.

Le roL garani de la paix publiąue. intervient par exemple dans le conflil qui oppose, ś parur du milieu des annees 1380. le duc Jean V de Bretagne au connćtable de France Olivier de Clisson (L 506*512. 722-730. etc.). U repnme les rebellions urbaines qui ćc la lent au debut dc son regne: soulevement des Maillobns a Paris (I. 230-248), Harelle de Rouen (I. 144 et 248-254), rćvolte des Gantois sous la conduite de Philippe van Aitevelde (I, 174-178 et passim).

30    En 1380. le chancelier Miles de Dormans, charge d’annoncer aux Pansiens la suppression des impóts exiges sur les marchandises. s expnme ainsi: "Afin donc que vous sachiez que le roi ne veut jamais abuser de Tetendue de sa puissance {nusąuam velle abuti potencie magnitudine), mais gouvemer ses sujets avec clemence et douceur (clemencta er lenitate gubemare subjectos), il a decidć quc. passant votre vic a 1’abri du joug de rescla\age sans &ire entendre aucun murmure. vous pourrez jouir de la paLx que desirent ardemment tous les mortels,, CL 50-51).

31    "Par moi regnent les rois et les grands fixent de justes dćcrets. Par moi les princes gouvement" (Pnncrbes 8, 15-16): "Or donc. rois. ecoutez et comprenez. laissez-vous instruire, vous dont la juridiction s etend a toute la terre. (...) Si donc vous. princes des peuples, prenez plaisir aux trónes et aux sceptres. rendez hommage a la Sagesse cl vous regnerez pour toujours” (Sagesse 6, l et 21). Nous citons la Traduction otcumemąue de la

Bibie.

32 Comme le fait remarąuer J. Krynen (,L'empire du roi, p. 209), la science apparait deja comme une composante fondamentale de la sagesse pnndere chez certains auteurs du DC (Alcuin. Raban Maur), du X* (Abbon de Fleur>'t Richer) ou du Xf siecle (Helgaud de Fleui)); cependant apres 1150, ridentification du roi sagę au roi savam devient un leitmotiv* inlassablemcnt rćpćte.



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