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nom de rUniver$he de Paris par un certain Pierre de Bruxelles, bachelier en theoiogie, dans ui "elegantissime" expose (UL, 240-242)130.
Quetle part convient-il d’attribuer a la formation scolaire dans l’acquisition par le docteurs de cet art de manier la parole sans cesse souligne par le chroniqueur? Nous auron Poccasion, dans le second chapitre, d’aborder quelques-uns des problemes souleves pa Penseignement de la rhetorique dans les universrtes au Moyen Age131. Pour le moment, nou voudrions simplement montrer comment les methodes pedagogiąues en vigueur dans ie facultes parisiennes ont pu contribuer a modeler les habitudes de langage des etudiants et ; developper chez eux certaines aptitudes intellectuelles. On sait que Penseignement dispens dans les studia medievaux, essentiellement orał, comporte depuis le XTP siecle trois element principaux: aux lectures commentees du maitre (lectiones) font suitę les imerrogation (ąuaestiones) soulevees par les etudiants, qui donnent łieu a des discussions (disputationes menees selon les regles de la dialectique aristotelicienne Si la dispute connait un certain rect au cours du XIV" siecle, moins marque dans les facultes des arts et de theoiogie qu>ailleurs, ell n’en demeure pas moins Pelement essentiel des examens qui sanctionnent Pobtention de grades132. Comme les disputes exigent une parfaite connaissance des autorites citees pou etayer les arguments echanges de pan et d’autre, les panicipants doivent se familiariser avec le 130 En 1392. le Religieux rapporte une anecdote significative. Ayant charge un Chartreux doue d’une eloąuenc persuasive (ezhorratorii sermoms habentem graciam) de porter une lett/e au roi de France, Boniface E manifeste son imention de tui adjoindre un docteur en droit, "pour que cette lettre [soit] remise avec plus d'ecU et de solennitć": le messager reiorque "que pour assoupir le schisme il fa[utj, non pas de Teloquence (fam eloąuencie) et de vaincs discussions (disputacionibus), mais des vues sińceres et des intentkms droites". demande donc au papę d etre accompagne d'un autre Chartreux. ce qui lui est finaJemem accorde (IŁ 48 et 5* 53). Autre exemple: Guillaume Barrault est charge de prćsenter au roi. lors d'une audience publique tenue le 3 juin 1394. une longue lettre (epistoła) dans laquelle rUniversite de Paris avise aux moyens de retablir Punio de PEglise: Porateur "de\elopp[e] eIoquemment (luculentissime) les points contenus dans la lettre, les appuyaj par beaucoup d'e\emples (hystorias) et de raisons" (IL 132*134). La lettre est lue a oouveau le \c fevTi( suhant par Pierre d'Ailly. en Photel royal de Saint-Pol, en prćsence du roi. de ses conseillers et d'une assembU de prelats et d'universitaires convoques a cel efiet (IL 224).
,3* Voir infra., pp. 63-64.
132 Jacąues Verger et Charles Vulliez. "Enseignement et cuiture unhersitaires (jusque vers 1350)". Histoire di universites en France (J. Verger. dir.), Toulouse. Prrvat. 1986. pp. 51-59. Le scbema ciassique de ta disput "ordinaire" etait le suKant: "La dispute se dćroulait sous la presidence d’un regent, en prćsence de tous l< bacbeliers de la faculte |...|. Le maitre proposait un theme (ąuaestió) sur lequel un (ou plusicurs) des bachelie: les plus aNanoes [...] de%ait soutenir une position personneile qu'il defendait. evenmei]ement avec Paide de sc maitre. contrę les objections et contre-objections de Passistance A Pissue de la dispute, łe rćgent qui Pa\a dirigće. « determinait». c’est-a-dire forraulait souvent par ćcriL sa propre conclusion" (ibid., p. 55). n y ava aussi des disputes libres ou "quodlibetiques”. dans lesquelles les maitres offraient de traiter des questions posó par n'importe qui sur n’iroporte quel sujet (de ąuolibet).