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permettre de reconstituer la structure de I’expose de Jean Nicot. Apres avoir offert au: seigneurs 1’honunage de ses saiutadons (post debitum salutacionis ąffatum), il rappelle qui Dieu a soumis le royaume a 1’autonte du roi pour que son peuple puisse prosperer en touti tranquillite sous sa protection. Les annales de France (Francorum armales) attestent que le habttants d’Orleans sont particulierement dignes de cette protection, puisqu’ils se sont toujour montres singulierement (super omnes regnicolas) fideles envers les predecesseurs de Charle VI. Ayant ainsi capte la faveur des conseillers royaux - c’est du moins ce qu’il espere -1’orateur poursuit en rappelant qu’apres la mort du premier duc d’Orieans (Philippe, frere cade de Jean U), Charles V a decrete, par un privilege special, que le duche d’Orleans serai desormais reuni aux domaines de la couronne a perpetuite. L’eveque termine son lonj plaidoyer (prolhciori sermone: I, 706) en presentant au roi le prwilege en question, et en h priant de bien vouIoir le confirmer. On retrouve sans peine dans le discours de Jean Nicot le elements successifs d’une arenga, soit la salutio, la captatio benevolentiae, la narratio et li petitio. Seule la conclusion est plus ou moins escamotee, du moins dans 1’abrege foumi par li Religieux.. Les theoriciens de Tor? arengcmdi reconnaissent de toute mani er e une cenami flexibilite au genre43.
Le discours qu’aurait prononce, devant le Conseil royal, le porte-parole - apparemmen un eveque - d’une ambassade envoyee conjointement par les rois de Hongrie et de Castille ai debut des annees 1380 (L 72-76), constitue un autre specimen interessant de misę et application des regles de Vars arengcmdi. Les diplomates etrangers ayant pour mission di rallier la France a 1’obedience d’Urbain VI, la captatio de 1’orateur prend natureliement li formę d’un eloge du devouement des aleux de Charles VI envers 1’Eglise, qu’ils ont plusieur fois contribue a sauver du naufrage. Apres avoir evoque les nombreux maux occasionnes par h Schisme, 1’ambassadeur rappelle comment, a la suitę de son intronisation, Urbain VI a et< abandonne par une partie des cardinaux, et comment les dissidents ont procede plus tard i 1’election de Robert de Geneve (Clement VII). Ce recit est bien entendu adapte aux besoins d< la cause: Urbain a ete elu "ccmonice et legitime", alors que son rival n’est qu’un usurpateu: (antipapam), elu "contra veritatem et justiciam" par des cardinaux "mała cmimi passiom impulsiComme les rheteurs antiques, 1’orateur sait "qu’une narration bien menee est deja urn
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Ibid., p. 105.