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la voie de fait (de facto) contrę le papę d’Avignon. En guise de concluaon, le duc exhorte Benoit XD3 a se comporter en homme d’honneur, 1’engageant "a ne point prćferer les charmes d’une dignite passagere a 1’eclat d'une renommee imperissable, et a ne point compromettre par des vues ambitieuses une reputation jusqu’aJors sans tache" (II, 283-285).

Uarenga apparait donc comme un genre rhetoriąue bien vivant dans la France de Charles VI. Son format convient admirablement aux exposes des diplomates. La relative simplirite de ses regles le rend accessibłe aux princes laics - et meme, semble-t-il, aux princesses⁴⁹. Les orateurs les plus savants, en particulier les theologiens, prwilegient toutefois un tout autre type de discours, plus complexe et plus artifideux, que leur formation unrversńaire leur a cependant rendu tres familier: le setmon thematiąue. Les principes en sont exposes dans des manuels rediges expressement a 1’usage des predicateurs, ces artes praedicandi (ou sermocinandi) qu’on voh se muldplier entre le XKT et le XV* siecle Beaucoup de ces trańes sont dus a des maitres qui ont etudie ou enseigne a Oxford ou a Paris; 1’apparition du genre est d’ailleurs contemporaine de 1’essor des deux grandes universites du nord de 1’Europe. Les auteurs de manuels rappellent, apres Pierre le Chantre, que la predication consdtue, avec la leęon orale (lectio) et le debat dialectique (disputatio), une des trois taches fondamentales du tbeologien⁵⁰. Le De arie praedicatoria (v. 1199) d’AJain de Lille en fait meme la plus haule des sept marches qui conduisent a la perfection . A la facuite de theologie de Paris, la predication est obligatoire tam pour les maitres que pour les bacheliers, ces demiers etant tenus sous serment de prononcer au moins un sermon par an jusqu’a 1’obtention de leur licence⁵². Le public de ces sermons livres en latin est compose d’etudiants et de professeurs. Mais les docteurs ont aussi de nombreuses occasions de s^fadresser, en langue vulgaire cette fois, au peuple ou aux seigneurs de la Cour³³.

⁴⁹    Par exemple. on retrouve les principaux elemenis de Yarenga (capiatio benevoUntiae, narratio et petitio) dans le discours ou la ducbesse d Orleans, une femme au demeurant fon instruite. demande jusnce au roi au sujet du meurtre de son mari (m, 748-752). On conserve par aiileurs un discours prononcć en 1365 par la reine Eleonorę d'Aragon, Iors d une asscmblee parlcmentaire tenue i Barcelonę: M D. Johnston le dćcrit comme etant "one nearly perfect specimen of an arenga" ("Pariiarocntary Orator>‘ in Mcdieval Aragon", p. 106).

⁵⁰    J. i. Murpby. Rhetoric in the Kiiddle A ges, p. 320 n. 67.

Ibid.. p. 306.

^5: P. Cloneux. ^ML'enseignement au Mo>en Age: techniąues et methodes en u»ge a ia Faculić de Tbćologie de Paris. au XHP sićcle". Archiyes (fhistotre docthnaie et litteraire du Moyen Age_t vol. 35 (l%8), p. 150. Les statuts de l Unhersite d’Oxford contiennem des dispositions semblables: voir Phyllis B. Roberts. "Preaching and Sermon Literaturę, Western European", DMA, L 10 (1988), pp. 79-80.

⁵³ Voir supra, pp. 42 et 45.