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icJUOndf 11AOUTJ004

En Irak, Moątada Al-Sadr refuse de baisser les armes et jurę de defendre Nadjaf

Le premier ministre interimaire irakien autorise les Americains a irwestir le saint des saints chiite

Plus determine que jatnais, le jeune chef radical, Moqtada Al-Sadr, a jurę, lundi 9 aout, de defendre «jusqu'ó [sa]dernićre goutte de sang » la ville sainte de Nadjaf, ou les combats font ragę depuis plusieurs jours.

Cinq otages elaehes par ieurs ravisseurs

Cinq otages - deux Libanais, deux Jordaniens et un Syrien - ont ete libe-res par leurs ravisseurs, lundi 9 aout, en Irak. Nada Sayyour a dedare que son mari, le Libanais Kassim Mourkbaoui, lui avait teiephone d'lrak pour lui dire qu’il avait ete relache, ainsi que son compatriote Nassir Al-Djoundi, et qu'ils etaient tous les deux en bonne sante. Les deux hommes avaient ete enleves jeudi, ainsi que deux autres personnes, entre Bagdad et Ramadi. Au moins trois autres Libanais sont toujours retenus en otage en Irak, dont un homme d'affaires, Antoine Antoun. Lundi, le chauffeur de celui-ci, le Syrien Issa Al-Cheikh Aouad, a ete libere, ont annonce des membres de sa familie.

A Amman, les familles de deux camionneurs jordaniens qui avaient ete enleves par un groupe se faisant appeler les «« Moudjahidins du peuple » ont precise qu’ils rentreraient mardi en Jordanie, lis avaient ete captures apres avoir quitte une base americaine des environs de Kaim, non loin de la fron-tiere irako-syrienne. Leurs ravisseurs exigeaient le retrait d’lrak de la societe qui les emploie. - (Reuters.)

BAGDAD

de notre envoye spócial

Moqtada Al-Sadr ne se rendra pas. Retranchć avec plusieurs cen-taines de ses miliciens de PArmće du Mahdi dans les ruelles de la vieille ville de Nadjaf, dans et autour du sanctuaire le plus rćvćrć de 1’islam chiite, celui de 1’imam Ali, le jeune clerc rebelie a jurć, lundi 9 aoOt, de « defendre la ville sainte jusqu’a [saJ dernićre goutte de sang », tandis que des centaines de ses fiddles en armes multipliaient les attaques contrę les forces amćri-caines k Bagdad, et britanniques k Bassora et Amara. Une sorte de scć-nario du dćsastre est peut-gtre en train de se jouer en Irak.

Lundi apr£s-midi, impressionnće < par les «soldats » de 1’Armće du Mahdi qui menacent de faire sauter des puits, la direction de la Compa-gnie nationale des pćtroles du Sud a annoncć qu’elle arretait, jusqu’<i nouvel ordre, tout pompage de brut. Aux prises avec des attaques et des sabotages quasi quotidiens, son homologue du Nord n’exporte quasiment plus de pćtrole depuis des semaines. Si la sćcuritć devait encore se dćgrader, le gouveme-ment interimaire, dont le budget dćpend k 90 % des ventes de brut, se retrouverait dans une situation impossible.

Tandis qu’une partie de la majori-tć chiite du pays se rćvolte, les orga-nisations de la rćsistance sunnite - nationalistes, islamistes, irakien-nes, ćtrang£res... - continuent, elles aussi, de commettre attentats, sabotages et enl£vements. Lundi, pr£s de Bakouba, au nord-est de Bagdad, une voiture pićgće a explo-sć au passage du vice-gouvemeur de la region, tuant 6 Irakiens et en blessant 16, parmi lesquels le res-ponsable visć.

A Bassora, la grandę metropole du Sud, un convoi britannique a ete attaque par 1’Armee du Mahdi: plusieurs vehicules ont ete incen-dies et un soldat a ete tue. A Amara, quelques dizaines de kilometres au nord, d’autres miliciens en armes ont incendie la permanencc du parti du premier ministre interimaire, lyad Allaoui. D’autres avaient fait la meme chose, 48 heu-res plus tót, k la permanence de Nassiriya, ville defendue par le contingcnt italien.

A la Cite Sadr, 1’immense et misć-rable faubourg chiite de Bagdad, 1’atmosphere est plus que jamais au combat. Une quinzaine d’obus de mortier ont ete tires par des « soldats » de Moqtada Al-Sadr en direction de la « zonę verte », le quartier hyperfortifić ou sont retranches le commandement amć-ricain, 1’ambassade des Etats-Unis et le siege du gouvernement. Le batiment de la municipalite de la Cite Sadr a egalement ete vise par plusieurs attaques, repoussees par les chars americains. Quatre poli-ciers irakiens ont ete tues et trois Americains blesses dans ces affron-tements. Un generał de la police de Bagdad a par ailieurs ete pris en ota-ge par des insurges qui ont annon-ce qu’ils ne le libereraient qu’en echange de Pćlargissement des pri-sonniers de 1’Armee du Mahdi.

Devant l’aggravation de la situation, et pour permettre k ses mai-gres troupes et A leurs puissants allies etrangers d’avoir les coudees plus franches, lyad Allaoui a decide d’imposer, lundi, «jusqu’a nouvel ordre », un couvre-feu de 16 heures k 8 heures, aux quelque 2 millions d’habitants du faubourg. Lundi soir, nul ne semblait respecter cette decision et des milliers de civils vaquaient k leurs occupations, tandis que des miliciens « sadristes », masques, armes de lance-grenades et de kalachnikov, se plaęaient en embuscade un peu partout sur les toits et continuaient de contróler les carrefours et la circulation. « Une nouvelfć ‘btiCaille se prepare pour la nuit, mais nous les atten-dons», confiait Pun de leurs chefs au teiephone.

A 160 km au sud, aprfcs cinq jours de combats k Nadjaf, le jeune chef de ce mouvement politico-religieux formę aprds l’invasion d’avril 2003, est apparu plus dćfiant que jamais. Rejetant l’invitation a entrer en politique lancee par M. Allaoui, « car il est impossible d’avoir une vie politique et democratique normale sous occupation etrangćre », Pimam des desherites. qui recrute surtout dans les classes chiites les plus pau-vres, a dedare que ce n’est pas k lui et a ses hommes de quitter Nadjaf, mais «aux forces d'occupation. Qu’elles s'en aillent, et le processus democratique pourra s'engager», a-t-il dit.

OCEAN DE MENSONGES

Tenant confćrence dans une sal-le du complexe sacre de Pimam Ali, Moqtada Al-Sadr a nie que sa mili-ce soit composee « de criminels et de gangsters », comme lyad Allaoui le disait la veille. Appelant les forces de lordre irakiennes d ne pas « combattre leurs freres », il a quali-fie ses panisans de « bons musul-mans qui defendent l'islam et la sainte cite' de Nadiaf contrę 1'infidele ». Les marines, qui ont repris aux Połonais le contróle dc la region, continuaient, lundi, d'affirmer avoir tue « environ 360 combattants ennemis», alors que PArmee du Mahdi n*admettait en avoir perdu que moins d'une trentaine.

Dans Pocean de mensonges deverse de part et d’autre, il est dif-ficile de voir clair. Sur les « 1200 combattants-criminels» pre-tendument arretes samedi, selon le gouverneur local, sans parler de la «victoire complśte» a Nadjaf annoncee le meme jour par le ministre de Pinterieur, le chef de la police de la ville n’a pu montrer, lundi, k la presse que 280 jeunes hommes, pour la plupart arretes aux barrages militaires autour de la ville et soupęonnes de vouloir rejoindre les miliciens. Lundi soir, une seule chose, confirmee de tou-tes parts, ćtait sOre et lourde de perils: le gouvemeur de Nadjaf, avec le feu vert de M. Allaoui, a autorise les forces americaines k penetrer dans le saint des saints chiite pour en deioger par la force les «soldats» dc PArmee du Mahdi.

Patrice Claude

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