648 WN DEBAT : UBS MENTrAUTTŁS COLIEC1WES 2
Bień plus que la syntaxe, c’est le vocabulaire qui est le tśmoin des changemcnts que subissent les mentalitśs. On pourrait avancer que rien de ce qui est mouvement dans 1’idśologie, dans les mentalitśs, ne demeure sans ścho dans le domaine du lexique. L’acquisition de concepts nouveaux, par l&, de mots nouveaux, indique des influences culturelles et des modeles de ciyilisation tres divers. Pour le roumain, de tels modśles sont donnśs, aux XVIII® et XIX® siecles, par les structures latines et roman°s, tandis que ces derniśres dścennies, c’est le modele anglo-saxon qui se voit assurer la preśminence, dans le contexte d’une internationalisation du lexique, axe surtout sur les dścouvertes scientifiques et techniques. II est ćgalement intśressant d’ótudier la frśquenee d’emploi de certains concepts et mots, pour telle epoque, pour telle sociśfcś, pour tel groupe, pour tel individu. Par la, le lexique devient une modalitś de premier ordie pour 1’śtude des structures mentales, collectives ou individuelles. Les concepts et les mots qui les dśsignent se constituent ainsi dans im ensemble d’outils et de mś-canismes mentaux que l’on dśsigne par le terme de <i outillage men tal ».
2. Prścisons qu’en Roumanie aussi, on notę, ces dermers temps, un intJret soutenu pour ce genre d’śtude qui ouvre de larges perspectives aux chercheurs de tous les pays, par son caractere pluridisciplinaire. C’est ainsi que Unguistes, historiens, critiques littśraires et bistoriens de la litterature, sociologues, folkloristes collaborent activement, se parta-geant les rśsultats de leur investigation pour donner des faits une vision unitaii-e et integrantc.
L’Institut d’etudes sud-est europśermes a le grand mśrite d’avoir ouvert la voie & ce genre de recherches, centrees sur une civilisation net-tement individualisóe, le Sud-Est europśen. La methodologie et les rśsul-tats des recherches europśennes faites dans ce domaine sont enrichis par les conclusions des śtudes dśjźi amorcśes en Roumanie k partir de la meme approche, une attention toute particuhere śtant accordśe au renouvelle-ment que 1’histoire des mentalites peut apporter aux Sciences humaines (Du^u 1980).
Les travaux d’Alexandru Niculescu, quant k eux, s’efforcent de replacer les faits de langue dans l’ensemble des rapports langue-sociśtś-culture. C’est ainsi qu’est mis en place le concept de langue de la culture roumaine et que la romanitś du roumain est apprśhendśe par les concepts de romanitó de langue et de romanitó de culture. La naissance et l’śvolution du roumain en tant que langue de culture se produisent dans un condilionnement socio-linguistique bien defini, ou l’on reconnait un ensemble de relations culturelles et linguistiques dont le fait mental est un des composants : culture familiere vs culture Łcrite, culture rurale vs culture citadinc, culture populaire vs culture d’6lite etc. (Niculescu 1974, 1975, 1978).
II n’est pas ddnuś d’intśret de noter aussi l’apport des chercheurs de la Rśpublique Democratique Allemande, pour lesquels les faits litte-raires et hnguistiques roumains des XVIIIC et XIX® siecles ont śtś abordśs dans ime perspeetive socio-culturelle. Retenons le nom du professeur Werner Bahner de Berlin dont les travaux (Bahner 1967,1971) permettent de parler d’ores et dśj^, d’une tradition dans cette voie d’approche que continuent ses disciples et śleves avec d’heureux rśsultats. Plus rścemment encore, le professeur Klaus Bochmann de Leipzig a orientś ses recherches