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carrie, pourriture ». La premiśre formę śtait courante dans les textes littśraires et elle a survścu en albanais (qere); la seconde, & peine attestśe au YIe siecle, s’est maintenue dans les langues romanes (en roumain carie), tandis que caries n’a pas laissś de tracę chez les peuples romans 30. Les aneetres des Albanais ont reęu la formę plus ancienne facies > faqe « face », de meme que certaines langues romanes occidentales, mais le roumain a hśritś de la formę plus rścente facia {fata,)31. Le latin cepa « oignou» a survścu en albanais (qepe) et dans certaines langues romanes {ceapa en roumain) tandis que d’autres langues romanes ont prśfśrś undśrivś 1 2cepńlla (it. cipolla), meme dans des rśgions conservatrices comme la Sardaigne et la Dalmatie. Ainsi donc, les aneetres des Albanais ont vu ordinairement pśnśtrer dans leur langue des mots de la langue eommune et non pas des diminutifs d’origine .populaire. C’est ce qui s’est śgalement produit avec truncus (trunJc«tronc »), deyant 2trunculus, hĆTitś par le roumain (trunchi) et en espagnol (troncho). D’autres mots abstraits de grandę cireulation comme fides, liber, veritas et voluntas sont demeurśs en albanais {fei, lirę, vertete, vullnet), alors que le roumain repose sur des crśations relatiyement tardiyes : credentia > credinfd, libertare > ierta, ad de verum > adevdr, voin\a 32.
D’autres elśments latins qui ont pśnetró en albanais ont pareille-ment un caractere manifestement arcbaique par comparaison avec la majoritć des langues romanes. Le latin capo, -onis a persistś en albanais {Tcapńa « eoq »), en Italie mśridionale (Tcapune) et en Sardaigne (icaboni « coq »), c’est-a-dire dans des rógions conseryatrices, mais ailleurs c’est la variante plus rćcente (a gśminśe expressive) 2cappo33 qui l’a emportś. Chez les Albanais est demeurśe la formę neutre cicer « pois chichę » (qiqer), attestśe depuis Plaute; mais la plupart des langues romanes ont des dśrivćs du masculin cicere (en dialecte aroumain \ea\ire). Dans 1’Italie mśridionale, en roumain et en albanais, autrement dit dans des territoires isolśs, a persistó coctorium «four » (cuptor, Tcoftor). Le mamtien de coctorium dans des rśgions conseryatrices doit etre mis en rapport aussi avec le propre de la culture matórielle de ces territoires, par rapport au reste de la Romania, ou, se sont dśveloppśs d’autres formes de culture pour lesquelles
30 Onbasius Latinus, Syn. VII, 2, p 133 : caria lignorum.
31 W. Meyer-Lubke, Romanisches ctymologischcs W orterbuch, 3. Aufl., Heidelberg, 1935, n° 3130. Abrćvi6 REW
32 C. Battisti, Awiamcnto allo studio dcl latino uolgarc, Bari, 1950, p. 65 cite un supposć
credcntia, mtćressant parce que contrastant avec fides Le mot peut £tre dćbarrassć de Tastens-que, car il est frćąuemment attestć dans les sources mćdićvales ^ partir du IXe siacie et a de nombreux parallćlismes en -cntia, comme macrcntia «fichene», mćcontentement, mercntia « mćnte 2, obocdientia, obscruantia, offcrcntia, parcnha, pocmtcntia, pracuidcntia, rccrcdcntia, suffcrcntia, etc Niermeyer, p. 280.
33 Ernout-Meillet, p 98