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COMPTES RENDUS
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souvent nomm^e, d*un terme pas toujours trfcs bien justifić «nationale *, V. N. Lazarev a pu distinguer quelques monuments des plus importants de peinture macćdomenne des XI* — XIle siecles (4 Ochnde, Castona, Nerezi, Kurbinovo) qui reprćsentent les splendides prćcurseurs de la peinture serbe du XIII* sifccle, dues aux maltres soit arrivćs de Constantinople ou de Thes-salonique, soit formćs dans les centres locaux. Leurs relations avec Thessaloniąue et avec la capitale sont discutćes par V. N. Lazarev — qui souligne les ćlćments de rapport entre les fresques du XI* siacie de St Sophie d’Ochnde et Part constantinopolitam — et par Sv. Radojcić qui y entrevoit quelques influences d’une ćcole attachće 4 la Patnardne de Constantinople. Signalant les difficultes existant encore dans les ćtudes sur Part byzantin des XI — XII* sifcclcs, O. Demus s*est prononcć contrę le procćdć de dater les fresques de Macć-doine sur des bases exclusivement stylistiques. Elevant en m6me temps ses conclusions au niveau d’une interprćtation gćnćrale, le savant viennois remarque dans la diversite des centres locaux de peinture les ćlćraents d’unitę de l*art byzantin contemporain, caractćnstique accentuee pour la peinture de Macedoine au XI* sifccle au cours de Tinteryention de St. Pelekamdis.
Au chapitre peinture murale, enluminures et mosaiques byzanlines et balkaniques, les spćcialistes reums 4 Ochnde ont ćmis leur opimon sur des questions de dćtail, ont prćcisć nombre d’aspects iconographiques, ont signalć des fresques et des mosalques nouvellement dćcouvertes> ou enfin — et cela nous intćresse en premier lieu, ont discutć des thfcmes d’une plus haute portee. Parmi eux nous rappelons la contnbution de C. Krestev (Sur la renaissance balkanique aux XIIJC et XIVe siłclcs) oCi Tautcur s’arrete 4 ce qu,il appelle «la Renaissance • ou, avec un terme moins indiquć, croyons-nous — de par son extension m€me et son caract&re antithćtique, — «la Renaissance mćdićvalc de 1’Onent». Souhgnant le fait que le phćnomfcne de rćvolution spintu-clle, de m6me que celui d*ćpanouissement gćnćral politique, ćconomique et social de la Pśmnsule Balkamque aux XII1® —XIV* siecles n*ont pas suffisamment intćgrćs dans Thistoire euro-plenne, Krestev indique comme motif de cette carence le fait« que les eleinents composants de la Renaissance de la Pćnmsule Balkanique subsistent 4 travers son histoire au Moyen Age et ne sauraient fctre compnmćs dans un ćvfcnement histonque ou dans un mouvement brusque et ascen-dant, comme ce fut le cas pour la Pćmnsule italienne i (t. Ili, p. 206).
Lc mveau 61evć dc la vie uibaine dans TEmpire byzantin, la vive pićsence de Thentage antique ont permis 4 Byzance la perpćtuation d’une situation de «renaissance » culturelle et artistique, phćnom&ne rćcemment rcmarque par Otto Demus 17 et apphcable 4 la situation bal-kanique des XIII* —XIV* sifeclcs. I/ćchange contmuel de bienset d’idćes entre VItalie et Byzance au haut Moyen Age, les croisades, les rapports ćconomiques des Vćmtiens, des Genois et des Pi-sans avec TEmpire, ont determinć, parmi d*autres facteurs, la pćnćtration de la « maniera greca > dans la peinture de Dnoccnlo, l’amvće sur la terre italienne, et plus loin, dans 1’Occident, d’ć-minents representants de Thumanisme byzantin de l’ćpoquc des PaUologues. Dans ces echanges les Balkans ont eu, ćvidcmment, un róle de premier ordre. Connaissant mieux la peinture bul-gare des XIII*—XIV- sifccles, Krestev s*arrfcte 4 ce qu*il considfcre une synthfese entre 1’esthć-tique byzantine de l’ćpoque et les nouvelles tendances, rćalistes et humamstes Nous ne pouvons pas moins ajouter que les ceuvres des peintres de Serbie ou de Mistra complćtent le chapitre de la^ peinture balkamque * renaissante * Les mftmes problfemes sont chscutćs par P. Milo]ković-Pepek (La Formalton d*un nouucau style monumental au XIIIt siłcle) qui remarque lui aussi les antćcć-dents du XII* si&cle dans la peinture balkamque de l’6poque qui 1’mtćresse, la coexistence des deux styles — Tun linćaire, sclićmatique, l’autre anatormque et plastique —, les rapports avec la peinture de Constantinople aprfcs 1300 et le fait, mteressant pour le plićnomfcne de continuitć artistique dans la sphfcre byzantine, de rexistence des modeles des X® —XI* sifecles pour les mai-tres du XIII*.
17 O Demus, U Art byzantin dans le cadre de U ort europitn, dans U Art byzantin, art europćcn, Athfcnes, 1964, p. 90.