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vice d’exagera1ion que le Cardinal Bellarmin reprochait & Sal~ vien*, nous donnę le ton genóral du traile, oh 1’auteur no sait pas toujours se renfermer dans los limiles etroites imposees au moralistę, mais ou il trouvo, pour iletrir les vices, des acocnls vigoureux que nos predicateurs ont souvenl empruntes. Scule-ment, chose ótrangol & celte eloquence impetueuse se melcnt souvent, il faul bien le dire, les rechercbes du bel esprit. Car Salvien, quoi qu’il en dise dans une dc ses prefaces 1 2, a con-serve dans son style les habitudes de rhetorique qui regnaicnt dans les ecoles de son temps : « Scripsil scholaslico sermone, » nous dii, de lui Gennade. Mais de lui aussi on peut dire ce que saint Sidoine Apollinaire nous a dit do Fauste, qu’il ćcrivait mieux qu’il n’avail appris. Car si, d’un cote, les tours aflectós, relćgance minulieuse, la pompę declamatoire, trahissent la vieilleśse de l’art romain ; de 1’autre, on sent, d la gravite des pensdes, a je ne sais quel fremissement qui oourt pnrfois sous ces formes manierees, la prósence d’un esprit nouveau elTachon d’une sóve plus jeune. Tel est Salvien: un Jeremie parlant souvent le langage d^socrale.
Mais le traile Adversus avaritiam. n’etait qułun prehida. Si Ton veut voir Salvien dans toute la fougue de son genie, avcc ses qualitćs et ses defants, il faut lirę son ouvrage capilal, celui ou il s’cst mis tout entier, le traitć de Gubernalione Dci, ou, comme le dćsigne Gennade, de Pracsenti judicio. Mais cłest une lecture qui rćclame des esprils plus murs: nous la reser-vons pour le yolume de la Rhćtorigue,
qumn rerborum amatores, ntilia IłoLius quam plausibilia sectamur, nequo id qii£erinius ut in nobla inania scculorum ornnmcnta, ged ut salubria rerum emolumenta lau-dentur ; in scrip bili non lis nostrls non lcnocioia esso yolumus, sed remedia, qmn scilicet non tam otio* sonun anribus ptacoanb cum n.gro-torum mcniibus prosinfi, magnum cx iitraqn« ro ccelestibns donis Pruci um roportaturi. (Dc Guberua-tione Dci, preef.)
Bossuefc s^criait toutefois, aprfcs avoir citó quclques-uns des traits dc ce tableau : « Yolli une plainte bicn óloquente; rai ais, mes fróres, & notre bonte, elle n’est que trop yćritablel » (Sermon pour In sa-medi aprfcs Icb Cen dres, sur 1’Ńgliae, 3° point.)
La phraae m6me ob il nous fait sa profession de foi litt<$-ralro n’cst pas oxempfce des dćfnuis contrę lesquels il s*ólóvo. <i Nos autem, dlt-il, qni, rerum magis