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mesures de rigueur contrę la religion, dćclarail le Dis-trict, ce serait jeter les paysans du Finistćre dans les bras des Cliouans du Morbihan qui, dśj&, avaient tentć de sou-lever le pays de Quimperló, ou dans le parti des royalisles qui parcouraient le dćparteraent en bandes armśes.
La crainte de voir linsurrcction sćteudre A tous les dśparteinents fut pour la Convention le commencement de la sagesse. Le 3 Ventóse suivant (21 Fćvrier 1795), elle publiail un dćcret qui proclamait la libcrtć des cultes, tout en dćclarant que la H6publique n’en salariait dćsor-mais aucun. Les óglises et les preshyteres (aisant partie des biensdits nationaui devaient ólre veudu$ou loućsau plus oflrant. Etrange faęon de comprendre la liberlć que d’en-lever aux catboliąues leurs biens pour les laisser ensuite libres de les acqućrir de nouveau en les payant de leurs deniers. Pour que celte libertś ne fdt pas complćtement illusoire, il cut falIu leur reudre avec leurs ćgliscs les prótres dont ils reconnaissaicnt Pautoritó. Or, les lleprć-sentants du Peuple, les deux ancicns regieidcs Guesno et Guermcur, s ils avaient, par leur arrćtć du 6 Yentdse (24 Fćvrier), proclame la liberie des ministres du culle, avaient eu soin de spćcificr que les « individus connus sous la dćnomination dc prAlres refractairesou non asser-raentes»>, ćtaient exclus de cetle raesure liberale. Cślaient [ź justement les seuls prótresque lescathoiiques voulaient. Devant les nombreuses rćclamations qui leur viurent de tous les coins du dćparlement, les Hcprćscntauts du Peuple comprirent la faule politique qu‘ils avaient commise. Le 6 Germiual (Źti Mai), ils prirent un nouvel arrćlć qui dćclarait ćgalement libres les prćlres non assermentes et les dćlenus pour causo de refus de serment sur la pro-raesse devivre paisibles et de faire tous leurs eflorts pour consolider la paix entre les citoyens.
Les catboliques avaient donc obtenu les prótres de leur
choix, mais il leur restait i\ trouver un local convenab!e pour l'exercice des fonctions du culte. Dans plusieurs pa-roisses, les fidćles se cotisćrent pour louer les ćglises, avec lintention de les donner aux prćtres qui n'avaient pas trahi leurs serments. Dans d’autres, en villes surtout, on se contenta de louer des salles ou des maisons parti-culieres. 11 fallait, en outre, faire une dćclaration a la municipalitó en indiquant le lieu ou les fidćles devaient se rćunir, pour que l'exercice du culle y łdt autorise. A Saint-Thegonuec, la vcuve Pouliquen, nće Marie 1’ćron, du village du Fers, acheta la ebapelle de Sainte-Brigitte, pour la meltre k la disposition des prćtres inserroentćs. Plus tard, lorsque la persecution sćvira de nouveau contrę les prćtres fidćles et que tout culte religieux aura cessć dans la paroisse, les habitants de cette scction prćvien-dront la municipalitć de leur intention de se rćunir dans cette ebapelle, « poury adresser en commun leurs prieres et leurs v(cux & 1'Ćtre Suprćme » (1). S il faul en croire la trndition locale, c est aux environs de Sainte-Brigitte que se serait passee la scene dramatiąue suivantc. Les habitants de ce quartier araient rćsolu d organiser une pro-cession et avaienl inćrae fait appel aux fidćles des parois-ses voisines, en particulier a ceux de Guiclan et de Gui-miliau. Hendez-vous fut pris pour le premier jour des Hogations. Tous devaient ćlre rendus, avanl le lever du soleil, au carrefour situó & vingt minutes de la ebapelle. Mais les autoritćs du District avaient ćtć prćvenues et des soldats furent envoyćs pour dissiper lattroupeiuent. Caches derrićre les hauts talus qui bordaient le sentier, ils attendaient la procession. Les fidćles s avanęaient sans dćfiance, et seul le chant des litanies troublait le silence
(1) Correspondancc municipalc de Saint-Tbćgonnec, lettre du 22 Veu-lótc au VI.