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jeune jeans <i faire sonner et daller& la muntcipalilć pour les forcer de faire sonner la cloche. » Les jeunes gens obeirent k la voix de leur cure el se reodireDt chez le maire. Ce magistrat fit preuve, en la circonstance, d aussi peu de bravoure que linstituteur Guyonvarcb. 11 ful pris de peura la vue de celto foule hostile massće devant sa maison. Peu babitue, sans doute, k voir ses administres se monlrer rebelles k son autoritć, il se disait qu’il fallait k tout prix dissiper au plus vite cet attroupement d'oii sortaient de temps en temps des menuces k son adresse. Aussi, des qu'il saperęut que les clioses allaienl se gftter, en voyant le flis du bedeau « prie au collet devant lui », se hAla-t-il de dćclarer qu‘on pouvait k discrćtion sonner lescloches. Les jeunes gens, fiersde leur succfcs, retour-nfcrent aussitót k 1'ćglise. La, ils durent, avec des voix dej& bien exercćes, devant la maison du maire, chanler k plein gosior les v6pres enlonnees par leur curć. Linsti-tuteur regrettait de ne pouvoir donner au District un compte rendu coinplet de la róunion, car, dćclarait-il dans son rapport, « Aujourhui comme je uai pas beau-coup osć me monlrer pendant ce tumulte je ne puis vous donner une plus ample counaissance » (1).
Lorsque paru rent les dćcrets de la Convention et les arrótćs du Dćpartement proclamant la libcrtć du culle, les curśs intrus perdirent peu ći peu de leur autorite et virent bon nombre de leurs partisans se rallier k la cause des anciens prćtres rćfractaires. D6s que la loi autorisera les prfttres insermentós k exercer librement les fonctions de leur minist^re, les prćtres constilutionnels serontdans des conditious inćgales pour soutenir la concurrence contrę leurs anciens confreres restćs fideles & leursserments. Les prGtres intrus n auront k compter que sur la bien-
(1) Arcbivc» deparlcmcntiilc*, Hasie 200.
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veilloDCc de certaines municipalitćs, pourobtenir gralui-tement les ćglises.. Leurs amis ne seront pas assez desin-tćressćs pour payer la location d’un śdifice religieux et ne tarderont mćme pas b desertcr un culle qui leur de-manderail des sacrificea trop onereux. Leurs adversaires, au contraire, arrivant dans les paroisses avec 1'aurćole que met toujours au front de ses victimes la persćcution, yerronl les fldóles accourir k leurs oflices, peu importe 1'endroit ou ils cćlćbraient.
A IMouueour-Mćnez, le curó Charles avait dti perdre du terrain, si nous enjugoons da pros la lettre de la munici-palitć au District, en datę du 27 Ventóse (17 Mars 1795). Dans cette paroisse, l'exercice du culte venait d*fttre inter-dit dans les cbapelles comme dans 1‘óglise principale. La population ne voulait pas cependant renoncer b toute pratique rcligieuse. Elle aurail cru dechoir b ses propres yeux et renoncer completement a sa fol si elle n avait pas accompli certains actes que prescrit la rcligion. La loi de la sanctification du dimanche n'avait pas encore etć sup-plantće par les dćcadis. Elle ćtait entrće trop profonde-meut dans les mceurs pour qu'on s y fut soustrait sans de tres graves raisons. Les fainilles cłirćtiennes tiendront ćgalement ó ce que leurs enfants aient la mfime foi que leurs peres et fassent partie de la mómesocićtć religieuse. Elles feront leur possible pour procureri ces enfants le bienfait du bapUlme. Elles ne se contenteront pas du bap-Wme privd qu'au besoin elles auraient pu administrer elles-mómes. 11 leur faudra ce sacrement avec lesonrtions et les prieres liturgiques, cćrćmonies que les prćtres seuls pouvaient accomplir. Les fonts baptismaui de leur paroisse ćtaient comme.I ćglise interdits au culte, mals elles savaient que, dans les paroisses avoisinan(es, des prćlres autrefois persćcutćs pouvaient aujourdhui, b l abri de la loi, esercer librement leur ministere. Cest a ces