saisir les causes des erreurs, les connaissances manąuantes, les mauvaises habitudes de pensee. Mais ils ne parvenaient pas a rćpondre a ma demande, car ils n'ćtaient pas du tout habitues a expliquer leurs resultats. Pour eux, ainsi qu'on leur avait inculquć, une rćponse ćtait un nombre, une case cochće dans un questionnaire a choix multiple , ou tout au plus quelques calculs esquissćs pour ne pas utiliser un brouillon separe. J’anaiysais et j’annotais avec difficultć ces messages mai structures. Cela me prenait beaucoup de temps et mes nuits słćtaient rćtrćcics sensiblement Tai demandć a mes collegues comment ils se debrouillaient et ils m’ont montrć leurs questionnaires et leurs grilles de correction en plasdque qui leur permettaient d’ćtablir une notę en trente secondes, alors que pour moi cela prenait au moins trente minutes! A mes remarąues critiques concemant ce genre de “ tests ” qui ne permettaient pas robservation de la pensće des eleves et contredisaient tout principe d'łk education mathćmatique ”, ils ont souri et m’ont predit que je me calmerais.
Je me suis obstinć a essayer de stimuler le dialogue par Tannotation des ćpreuves, de rćvćler 1'esprit des mathematiques teł que je le concevais et de rćveiller le gout pour le raisonnement rigoureux et la recherche creatrice. Apres Faffreuse experience politique, je recidivais en voulant nager a contrę courant et en n'estimant pas coirectement le contexte de mon action. Cćtait manifestement trop tard. Les mathćmatiques etaient une science faite de calculs, de formules a appliquer en pianotant sur les calculatrices. Les operations abstraites provoquaient de grandes difficuites, i’exigence dc la rigueur semblait exotique, les situations nouvellcs bloquaient, les incursions culturelles n^tćressaient pas. Les elćves ont ete d' avantage intrigues, irrites ou fadgućs que fascines. Ils młont demande pourquoi je maculais leurs travaux avec des annotations qu*ils ne lisaient pas. Ils nFont demandć pourquoi jMnsistais a prouver une chose qui semblait evidente. Ils m’ont demande pourquoi refaire des raisonnements dćja appliqućs en pratiąue. Ils m*ont demande pourquoi je m’agitais autant alors que je touchais le salaire et de plus, les sujets ne les intćressaicnt pas. Ma prestation ćtait exotique et meme contradictoire par rapport a 1’esprit des manuels, du programme, des examens de fins dłetudes, des approches habiruelles, des valeurs de la socićtć.
J*aurais du le comprendre en observant que la qualitć scandaleuse des manuels ne dćrangeait personne. J*aurais dii le comprendre pendant mon examen a la u Commission Scolaire des Ecoles Catholiques ”, lorsque la commission, choquee par mes crińques, est arrivće a la conclusion que j’avais des diSicultćs a m’adapter aux mathćmatiques locales. J'aurais dii le comprendre pendant les discussions avec les parents qui m*ont demandć de laisser leurs enfants en paix. J*aurais dii le comprendre en face des messages de la direction de Fćcole qui surveillait la gestion de l’activitć et l’apparence des rćsultats et ne parlait jamais du gain mtellecmel recl des etudiants. J’aurais dii le comprendre en face des rćactions de mes ćlćves et de mes
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