L'Afrique ó l'ipreuve de ses frontiires 149
Au cours de la Conference d’Addis-Abeba, en 1963, les chefs d’Ćtat ou de gouvernement eurent a se prononcer sur la ąuestion suivante : les pays d’Afriąue nouvellement independants devaient-ils remettre en cause les frontićres ćtablies par le colonisateur ? La rćponse fut en genćral nćgative. Le president du Mali, Modibo Kćita, proposa de prendre « l’Afrique telle qu’elle est ». II suggćra de renoncer aux « pretentions territoriales ». « L’unite africaine, declara-t-il, exige de chacun de nous le respect integral de 1’heritage que nous avons reęu du systeme colonial, c’est-4-dire le maintien des frontićres actuelles de nos Ćtats respectifs. » Le president de la Republique malgache, Philibert Tsiranana, avait tenu des propos encore plus vigoureux. II ne lui paraissait ni possible ni souhaitable de modifier des frontieres en se fondant sur la race ou sur la reli-gion. Si l’on utilisait ces critćres, ajouta-t-il, « il y aurait en Afrique des Ćtats qui seraient effacćs de la carte ». Les propos du premier ministre d’Ćthiopie furent de menie ordre. II estimait qu’il fallait <c respecter la carte et les frontieres tracćes — qu’elles soient mauvaises ou non — par les anciens colonisateurs ».
Ces personnalites refletaient la tendance dominantę. Deux voix discor-dantes se firent entendre. Abdullah Osman Adan, prćsident de la Rćpublique somali, aprćs avoir longuement evoque les differends territoriaux entre Ćtats, declara : « D’aucuns ont dit que toute tentative d’adaptation des accords frontaliers actuels ne ferait qu’aggraver la situation et que, par consequent, les choses ne devraient pas changer. Nous ne partageons pas ce point de vue. » Quant au Maroc, qui n’etait pas signataire de la charte adoptee le 25 mai 1963, il accompagna 1’adoption de ce texte de reserves expresses le 20 septembre suivant. Mehdi Zentar prćcisa : « II est important que Ton sache que cette signature de la charte de 1’OUA ne saurait aucunement etre interpretee ni comme une reconnaissance expresse ou implicite des faits accomplis, jusqu’ici refuses comme tels par le Maroc, ni comme une renonciation a la poursuite de la reali-sation de nos droits par les moyens lćgitimes notre disposition. »
La charte de l’OUA ne mentionne pas expressćment le principe de 1’intan-gibilitć des frontićres. C’est seulement au cours du « sommet » du Caire, le 21 juillet 1964, que sera adoptće une rćsolution hant le respect de Pintćgritó territoriale et le maintien des frontićres imposees par le colonisateur. « Consi-dćrant que les problćmes frontaliers sont un facteur grave et permanent de dćsaccord, consciente de l’existence d’agissements d’origine extra-africaine visant i diviser les Ćtats africains, considerant, en outre, que les frontićres des Ćtats africains au jour de leur indćpendance constituent une rćalitć tangible », la Confćrence des chefs d’Ćtat et de gouvemement « dćclare solennellement que tous les Ćtats membres s’engagent k respecter les frontićres existant au moment ou ils ont accedć k 1’independance ». Ce texte ne reęoit pas 1’agrćment