L'Afrique ó l'śpreuve de ses firontiires 151
est considćrć comme une « condition primordiale du progres et du dćveloppement dans le domaine social ». Le 24 octobre 1970, la Dćclaration relative aux prin-cipes du droit International touchant les relations amicales et la coopćration entre les Śtats conformćment k la Charte des Nations Unieś affinne, k son tour, que « 1’integrite territoriale et 1’indćpendance politiąue de l’Ćtat sont inviolables ». C’est aussi le cas de la Charte des droits et des devoirs ćcono-miąues des Śtats du 12 decembre 1974. On le voit, partout le statu quo 1’emporte. La dćcolonisation des frontićres est remise a plus tard...
Pour parvenir a decoloniser les frontićres, des techniąues diverses ont ćtó employćes. Au Katanga et au Biafra, on a fait parler les armes. D’autres conflits frontaliers ont pu etre desamorcćs de faęon pacifiąue. Pour rćsoudre ces differends, pour apurer les contentieux, il a fallu qu’honames politiques et organisations internationales mettent au point de laborieux compromis, parfois pour le plus grand bćnefice de minorites ethniques sćparees par des barrićres ćtatiques (conflits entre le Ghana et le Togo, entre le Ghana et la Haute-Volta, etc.). Dans d’autres cas, le conflit a eu, avant tout, une origine de naturę politique ou ćconomique (differend algero-marocain, par exemple). L’ćtat de paix rćsultant de tel ou tel rćglement peut se rćvćler d’une extreme fragilitć. Mais tous les efforts ne sont pas couronnes de succćs et des conflits frontaliers persistent aujourd’hui encore, ayant parfois un caractóre particulićrement aigu. L’Ethiopie est au coeur de deux d’entre eux. D’autres, d’inćgale importance, ont pour caractóristiques d’etre des guerres du desert aux enjeux ćconomiques importants : conflit entre la Libye et le Tchad, affaire du Sahara Occidental...
Les impasses auxquelles ces differends ont pu conduire font qu’on s’in-terroge sur le bien-fondć des frontieres. Faudrait-il les supprimer? Des Solutions ont ete proposćes qui vont dans ce sens. Leur misę en ceuvre permettrait de trouver un antidote contrę la « balkanisation » de I’Afrique, contrę son depe-ęage. L’unite de l’Afrique est l’une de ces thćrapeutiques. Elle a ses chantres et ses avocats. En 1963, k la conference d’Addis-Abeba, aprćs avoir denoncć la frontidre et vu en elle « un vestige fatal du colonialisme » risquant de « nous entrainer dans des guerres intestines », le Dr N’Krumah avait conclu : « Seule 1’unitó africaine peut cicatriser cette plaie infectóe par les litiges frontaliers entre nos divers Źtats. » La charte de l’OUA elle-meme ćvoque 1’ « aspiration i une unitę plus vaste qui transcende les divergences ethniques et nationales ». De fait, des groupements k vocation rćgionale ou continentale ont pris place aux cotós de l’OUA (Conseil de 1’Entente, Organisation commune africaine, malgache et mauricienne, etc.). Des organisations de type ćconomique ont completć 1’action entreprise sur le plan politique (Communaute ćconomique