peuple. Sous la plume du chantre de Saint-Denis, l'eloquence apparait donc comme une ver purement profane, laique pour alnsi dire L'enthousiasme de notre chroniqueur pour l'a oratoire se fiut sentir jusque dans la maniere dom i] traite ses sources ecrites: il lui arrive air d’enrichir de commentaires personnels les rapports d'ambassades sur lesquels il s'appuie, afin < mieux faire ressortir le talem des orateurs qu'il met en scene. Ces ąjouts du Religieux ne so cependant pas mecaniques: se rapportant le plus souvent a des hommes qu'il conns personnellemem ou de reputation, ils sont, pour autant que l'on puisse en juger, conformes ai opinions qu'il emet ailleurs.
Heritier d*une tradition historiographique impregnee de rhetorique, Michel Pimo enchasse dans son recit des discours de son cni, qui sont souvent pour lui 1'occasion < reprendre des idees et des citations qui lui sont cheres. Pour composer ces morceai d'eloquence, le Religieux a pu slnspirer des exemples ofFerts par ses predecesseurs plus < moins lointains: les harangues qu'ii prete aux chefs de guerre, dans lesquelles on retrou' parfois les mots d’un auteur antiąue comme Tite-Live, reprennent ainsi la piupan des "liet communs" (topoi) employes par les chroniqueurs du Moyen Age central. Pour qui cherche reconstituer la pratique de 1'art oratoire au temps de Charles VI, ces constructions litteraires i peuvent hien entendu pas etre prises au pied de la Iettre. Mais notre auteur se fait aussi 1'echc en generał assez brievement, mais parfois plus longuement • de discours qui ont e effectivement prononces, et dont il a eu connaissance par voie orale - c'est le cas le pli frequent - ou ecrite. Lorsqu'iI a acces a un texte, il se contente la plupart du temps de rapporter "in substantia", en recourant aux diverses techniques d'abreviation dont il lliabitude. La valeur documentaire de la Chronique de Charles VI ne doit cependant pas et sous-estimee. Certains discours ne sont connus que par ce qu'en dit Michel Pintoin1. Dans < moins un cas - on pense ici au discours prononce par Guillaume Saignet aux conferences < Pontoise -, son compte rendu n'est pas isole, mais constitue neanmoins le meilleur temoignaj dont nous disposons actuellement. Pour prendre un autre exemple: son resume de "Justification" du duc de Bourgogne, bien que fort partiel, apparait neanmoins representatif d<
Cesi le cas. par exemple. de deux harangues prononcees par le thćologien parisien Jean Courtecuissc en 13' et en 1402; comme bien souvent. le Religieux s'est toutefois contente d'en foumir un rćsumć fon succinct. V< Alfred Coville, "Rechcrches sur Jean Counecuisse et ses oetATes oratoires". Bibliotheque de l'Ecole a Charles, vol. 65 (1904), pp. 491 et 498-500.