Compte rendu des dćbats 181
vis-4-vis des Ćtats. M. Glćlć a rappelć 4 plusieurs reprises aussi que le Directeur gćnćral avait, dans ce domaine, garanti la totale libertć intellectuelle du Comitć scientifique interaational. Ce dernier a progressivement ćtabli une vćritable dćontologie du travail collectif pour 1’ensemble des volumes. Ainsi se trouvait prćservće la rigueur de prćsen-tation du volume comme des prćcćdents.
Plusieurs experts ont souhaitć que le comitć aide les auteurs 4 se prćmunir contrę les pressions et les censures; certains ont mćme ćvoquć, i cette occasion, la libertć dont jouissaient, dans les Śtats de l’Afrique antćrieurement au xixe sićcle, les griots et les poćtes de cour; ils ont souhaitć que soit reconnue aux historiens une certaine autoritć morale, de telle sorte qu’ils puissent ćcrire le volume VIII pour aider les Africains 4 prendre en toute connaissance de cause les dćcisions qui engageraient leur avenir. Le directeur de volume a souhaitć, quant 4 lui, que 1’emploi d’une mćthode ou d’une autre soit acceptć et que le choix fait par un auteur ne conduise pas k critiquer ses orientations politiques ou culturelles.
Une telle histoire devrait, conformćment d’ailleurs aux dćcisions du Comitć scientifique, etre tout autant celle des peuples que celle des Ćtats et il faudrait veiller, de ce point de vue, 4 un juste ćąuilibre. Celui-ci ne semblait pas rćalisć dans la table des matićres. Histoire des structures ćconomiques et sociales globales, qui expliquent les ćvolution$ longues et profondes, elle ćtait aussi celle des faits culturels. Bień plus que celle des individualitćs, fussent-elles de premier plan. Sans que les experts puissent pousser trćs loin 1’analyse, il a ćtć demandć 4 plusieurs reprises que 1’ćtude soit conduite avec un regard constant sur les peuples, sur tous les niveaux sociaux, sur les « masses », et pas seulement sur les classes et ćquipes dirigeantes, 1’attention ćtant le plus souvent possible attirće sur les dćcalages qui peuvent exister entre les discours des pouvoirs et leurs comportements, d’une part, la manićre dont sont transmis ces discours et dont ils sont peręus par les peuples, d’autre part.
L’insistance avec laąuelle les experts ont soulignć 1’importance de la continuitć et de la profondeur de champs propres 4 l’histoire, et de l’observation des rythmes diffćrents des ćvolutions, selon qu’il s’agit d’ćconomie, de faits de mentalitć, de structures politiques, de faits culturels, etc., montrait bien que leur souci ćtait que le directeur de volume et les auteurs ne perdent jamais de vue qu’ils avaient 4 expliquer les ćvolutions africaines aboutissant au xx* sićcle, mais dont certaines devaient prendre en considćration, pour etre comprises, des phćnomćnes datant parfois de plusieurs sićcles. La continuitć de 1’histoire africaine nie les divisions entre la pćriode prćco-loniale, considćrće comme « traditionnelle » et dont les valeurs seraient aujour-d’hui pćrimćes, la pćriode de la colonisation, ou se serait produite une modemisation rapide mais subie, et la pćriode des indćpendances, depuis laquelle auraient eu lieu des « changements rapides dus 4 la prise en compte par les Ćtats des techniques de modemisation. Cette manićre de voir ćtait souvent retenue dans les ouvrages sur l’Afrique; elle alimentait les distinctions entre <c tradition » et « modemisme »; elle ćtait totalement inacceptable pour les experts.
Finalement, la « profondeur de champ » historique est apparue 4 ceux-ci comme le seul moyen — accessible par des mćthodes diverses, d’ailleurs — d’ćviter le pićge des jugements 4 chaud sur des ćvćnements isolćs et, en ćvitant ce pićge, d’empć-cher que l’ouvrage soit caduc, dans certaines de ses parties, dćs sa pamtion.
De mćme, les experts ont pris soin de recommander un ćquilibre judicieux