La subjectiviti et l'etude de 1’histoire contemporaine : problimes politiqu.es, psychologiąues
et methodologiques
liorer. Une experimentation et un affinage plus poussćs des mćthodes d’exploi-tation des tómoignages oraux constituent un impćratif majeur pour Phisto-riographie africaine.
Les chercheurs africains qui prćfórent fonder leurs analyses sur des critćres de classe seront de plus en plus confrontós au problćme de Pćconomie politiąue de la tradition orale. Comment, en effet, apprćcier les caractćristiąues de classe d’une information orale etalće dans le temps? Si les tómoignages oraux sont, de faęon disproportionnće, l’expression d’un consensus et sont transmis comme tels d’une genćration a l’autre, comment etudier conflits et luttes de classes dans le cadre d’une transmission k ce point marąuće par ledit consensus ?
En ce qui conceme 1’histoire actuelle, se pose aussi le probleme de 1’ćtude des classes avant que celles-ci n’aient eu le temps d’achever leur formation ou de se consolider. La seconde moitić du xxe stócle est, en particulier, une periode de tres grandę fluiditó sociale, ou Pon voit apparaitre des Africains qui, k un moment donnć, appartiennent simultanćment a plusieurs classes sociales. Au niveau infćrieur, un Africain peut etre en meme temps un ouvrier urbanisó et un paysan, et donc se rattacher a deux classes differentes. Mais, verticalement, rien ne s’oppose a ce qu’un leader syndical soit k la fois ouvrier et membre de la bourgeoisie montante.
Les choses se compliquent du fait que la formation des classes dans l’Afrique contemporaine ne depend pas seulement de 1’interrogation « qui possźde quoi ? », mais aussi, et dans une Iarge mesure, de la question « qiu sait quoi ? ». II ne fait pas de doute que la connaissance de la culture et des langues occidentales ainsi que Pinitiation aux mćthodes et aux techniques scientifiques de 1’Occident ont largement contribuć k la stratification sociale de PAfrique du xx* sićcle.
Le problćme qui se pose alors k Phistorien raisonnant en termes de classe ne porte pas uniquement sur la finesse des techniques d’analyse qu’il utilise dans ce dessein, mais egalement sur le degrć de developpement et de maturitć atteint par la formation des classes dans l’Afrique d’aujourd’hui. En verite, si les techniques en sont restóes, tout comme 1’objet de Penquete, k un stade peu avance, Phistoriographie africaine a nćanmoins deja commencć a relever le defi1.
Un autre probleme methodologique, inhćrent au precedent, concerne le choix conflictuel entre une etude centree sur Pćlite et une etude centree sur le peuple. Par definition, pour ainsi dire, les tómoignages concernant la vie et les
Les arguments en faveur d’une approche radicale de 1’histoire africaine ont ćtć ćloquem-ment dćveloppćs par Henry Bernstein et Jacques Depelchin, de l’Universitć de Dar es-Salaam, dans un article inlitulć « The object of African history: a Materialistic perspective », History in Africa: a journal of method, vol. 5 (1978) et vol. 6 (1979).