La subjectmte et l'itude de 1'histoire contemporcdne : problźmes polltiąues, psychologiąues
et mćthodologiąues
Distinguer entre l’ćpisodique et le fondamental, entre une pćripćtie et un tournant dćcisif, entre un pseudo-fait et un ćvćnement authentiąue est une općration extraordinairement dćlicate et qui nćcessite une masse d’infor-mations. L’immediatete de 1’histoire qui se fait ne permet guóre d’affiner les capacitćs de discernement. Dans quelle mesure faut-il prendre au serieux le rćglement interne en Rhodćsie? Ses consćquences seront-elles durables? Est-ce un simple episode ou un ćvćnement fondamental? Un ćpiphćnomćne ou le cadre d’une grandę tragćdie historique? La recherche constante de l’essentiel, la misę au jour de 1’important sont rendues difficiles par la proximite meme de l’ćvenement.
Aux problćmes des temps k employer dans l’enoncć des faits, du repćrage des lignes de force diachroniques et de l’ćvaluation de 1’importance des ćvć-nements s’ajoute un autre problćme : l’ćvolution du climat politique. Une recherche qui, hier, ne prćsentait pas de difficultes sous tel ou tel rćgime poli-tique peut se rćveler moins aisće sous le nouveau rćgime issu d’un coup d’Ćtat militaire. Au reste, le nouveau rćgime constitue par Iui-meme une nouvelle barrićre, ce qui rend les recherches sur certains thśmes plus difficiles aujourd’hui qu’elles ne 1’etaient auparavant. Bref, le climat generał dans lequel doit se dćrouler de nos jours la recherche historique se trouve lui-meme soumis, de regime en rćgime et parfois de proclamation officielle en proclamation officielle, aux vicissitudes de 1’histoire.
En d’autres termes, les mutations qui constituent 1’essence meme de 1’histoire immediate compliquent la prósentation des faits (en raison de l’ambi-valence des temps grammaticaux) rćduisent notre aptitude k distinguer un simple ćpisode d’une tendance profonde, nous empechent de bien mesurer la portće et l’importance des faits, crćent un climat d’incertitude pour la recherche du aux changements de regimes et aux fluctuations des interdits qui la frappent.
Nous en venons maintenant au vaste domaine des sources historiques et de leur accessibilitó. LA aussi, plusieurs facteurs doivent etre pris en considćration. Le premier tient au simple fait que la tradition de 1’ćcriture est encore relati-vement rćcente dans de nombreuses socićtes africaines. Les probldmes s’y reglent par des ćchanges oraux plus souvent qu’au moyen de lettres ou de notes. Dans chaque pays africain, le vo!ume des Communications par ćcrit ne reprćsente qu’une fraction de la correspondance ćcrite dans un pays europćen de taille comparable au dćbut du siacie. C’est pourquoi l’Afrique dispose, par dćfinition, d’un fonds plus limitć de documentation ćcrite. JusquA la fin du sićcle, les techniques d’analyse des tćmoignages oraux resteront pour 1’ćtude de