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ProbUmes relatifs a la rćdaction de l'histoire
de l'Afrique contemporaine
echouer. Le fil conducteur que foumit le thóme de la decolonisation pour faire une synthese de 1’histoire de 1’Afriąue contemporaine est utile, mais il n’est ni unique ni entiórement adequat.
II importe de souligner que, si les quelque quarante-cinq ans qui se sont ćcoulćs depuis 1935 peuyent apparaltre comme une pćriode relativement bróve pour qu’un des huit volumes couvrant Fensemble de 1’histoire de l’Afrique lui soit consacre, ils correspondent, pour la plus grandę partie du continent, k une phase d’ćvolution rapide et intense. Selon certains, ces changements n’ont pas abouti, de faęon gćnćrale, i une transformation yraiment radicale de la socićtó au point de vue de la proprićtó des moyens de production et de l’ćquilibre des forces entre les dififerentes classes sociales. Cependant, pour la plupart des Africains qui ont vćcu cette pćriode, les quarante-cinq demićres annćes ont apporte des mutations capitales qui doivent etre mises en relief dans 1’histoire. Meme la oii Findćpendance politique ne s’est pas accompagnee de rćformes sociales fondamentales, le pouvoir de dćcision sur le plan po!itique est passć a des dirigeants africains qui formaient souvent une ćlite politique tout k fait nouvelle. II ne faut pas sous-estimer l’importance de ce transfert du pouvoir politique et de 1’apparition de ces ćlites. En meme temps, l’Afrique s’est integree rapidement a la communautć mondiale, qui traverse elle-meme une phase de transformations accćlerćes, notamment en ce qui concerne la technologie des transports et des grands moyens de communication, dont on ne saurait ignorer les incidences sur la definition de I’Afrique contemporaine.
Ces facteurs dynamiques de l’ćvolution de 1’Afrique contemporaine mon-trent bien que cette ćvolution ne doit pas etre considerće seulement comme une rćaction contrę le colonialisme et le neocolonialisme. Les efforts deployes pour abolir et depasser les limites imposees par les structures et les attitudes colo-niales coexistent avec d’autres qui visent k construire une Afrique nouvelIe en se fondant sur la persistance de certains aspects de l’Afrique traditionnelle et coloniale, sur des initiatives nouvelles et sur des essais de synthćse entre le passe et les pressions du monde extórieur contemporain. Notre analyse de l’Afrique contemporaine doit faire ressortir ces nouvelles orientations, notamment dans le domaine social et culturel. Les tentatives d’edification de nouvelles structures sociales et politiques devraient etre evaluees non pas uniquement sous 1’angle de la decolonisation ou de la conception socialiste des transformations sociales, mais aussi par rapport a cette synthese possible du legs du passć et des pressions du monde exterieur contemporain.
U importe qu’au cours de cette rćunion un certain temps soit consacre a l’examen et a la definition des principales tendances de 1’histoire de l’Afrique contemporaine. En efiet, c’est la comprćhension commune de ces tendances qui nous permettra de donner a notre histoire la coherence et l’optique requises, et d’attćnuer les multiples probtómes inhćrents k la ródaction de tout ouvrage d’histoire contemporaine.