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On ouvrit la clóturc. Et apres Ic chant d'un motet, la procession se dćroula. Derrićre le Saint Sacreraent, que portait Monseigneur, venaient, iinmćdiatement, la Conimunautć des Religieuses, puis la Noblesse, le Corps de la Justice ct un pcuple nombreu*. Tous tenaient un cierge k la main.
Lorsąue 1’imposajit cortóge eut penćtrś dans la cathedrale, un capucin de Morlaix monta en chaire et prononęa un sennon de circonslance. U «’agit, vraiscmhlablemcnt, du Pćre Joseph, qui jouissait d’une certaine notorićtć, et qui dovint Provincial de 1’Ordre. II avait dej& prćche, en 1644, k Morlaix mćme, quand fut posee la premićre pierrc du Couvent des Ursulines.
A Pissue de la cćrćmonie, on s’acheimina vers la nouveIle chapelle de la Coinniunaute. Monseigneur enferina le Saint-Sacremont dans le Tabernacle et introduisit les religieuses dans la clóture. Avant que Passemblće qui se trouvait dans les abords ne se dispersat, l’Evćque, toujours preoccupe des interets de ses filles, exhorta chacun k leur faire 1'aumóue. Pour qu’elle fut plus abondante, ii reprćsenta, vivement, k ses auditeurs qu’au prix d’un leger sacrifice pecu-niaire, ils acquerraient des merites pour le Ciel, puisqu’ils participeraient ainsi aux bonncs oeuvres des Ursulines.
Voulant donner plus de poids a ses paroles. Mgr Oupif se tint lui-mdme a la sacristie pour recueilltr les offrandes et, paraissant oublier ses largesses pas-sćes, il fut le premier k prScher d’exemplc en donnant, une fois de plus, sans compter.
A partir de ce moment, il se rendait au monastćre, tous les dimanches et jours de fete, pour dire la Messe conventuelle, sans aucun apparat, comme un simple prźtre. De plus, sachant que les revenus de la maison ćtaient insufflsants pour entretenir les religieuses, il leur permit dc queter dans le diocćse, leur fit prćsenł de vingt pistoles, (1), d’unc notable ąuantitć de fro-ment et de vin; il leur fit la promessc d’avantages plus considerables encore. dont elles auraient cer-tainement bćnćficie, si Dicu leur eót laissć plus long-tenips ce charitable prelat.
La Maison des Ursulines de Sainl-Pol-de-Lćon n’a pu vivre des annees durant, que par Tassistance de per-sonnes pieuses. Quand la Communautć ótait it bout de ressourccs, on ouvrait le tronc de 1’ógUse, oii, hien des fois, on a trouvć des sosnmes respectables accorn-pagnees de billets attcstan*,quc ces aum^nes consti-tuaient un hommage de reconnaissance, envers Notre-Damc du Vrai Secours.
En 1646, la Móre Saint Franęois de Paule, rćcem-ment nommće Superieure a la place de la Mćre Claude des Anges, sa soeur, fut obligće, vu la pauvrcte du monastćre. de faire appel a la bourse dc Mme de Kerouartz, sa mere, pour nourrir ses religieuses. pendant la premierę annće de son triennat.
Une epreuve iuattendne allait rendre plus precaire encore la situation de la Communautć. Un person-nage fort puLssant fit signifier i la Prieure de lui payer une grosse sommc qu’il prćtendait lui ćtre due. II menaęait, en cas de refus, de faire saisir Le peu que le Couvent possćdait. Dans une conjoncture aussi fachcuse, 1’infortunee Superieure se jęta aux pieds de son Cruciflx, suppliant Notre Seigneur d’ćtre sa forcc et sa caulion. L’afTaire traina en longueur, k processif individu mourut, et la Cooununaute fut, par la suitę, laissće en paix. .
(1) « La pistole d'Espagnc, (valant dix llvres). eut cours. en France, pendant le r*gne de Louis XIII et le suivant, et quand elle eut disparu. clle resta, commc roonnaie de compte. au molos dans ccrtaines provinces. jusqu’au commtnccmcnt du XIX» siłcle. * Lalunne — Dictionnaire hitloriąne de la France, k Part. Monnale.