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pour chcf Ic pesant In M... (1), cet usurpatcur ilu petit royaume d'Angola. l’n bataillon d’ergoteurs irlnndais, charmes d’obćir a 1’abbć Micromegnn, leur conipa-triote (2), faisait 1’arridre-garde : ils asaient jurę d’user jusqu’au dernier lobe de leurs poumons pour dófcndre ła charmantc Fcossaise, cette nouvelle Helene, qui trouble la litterature et la philosophie. II y avait jusqu’ó un corps de rćserve de laquais et de Savoyards en redingotes et en couteaux de chasse, qui recevaient 1’ordre d’un petit prcstolct (3) que la secte elle-meme meprisc et qu’elle emploie, chassć de 1’autre parli d£s qu’on a connu son pcu d’esprit et de talent, devore dc la ragę d’etrc journalistc, et ne pouvant y reussir : chose pourtant si aisee, au rapport des phi-losophes, ses protectcurs.
La veille et le niatin dc cette grandę journee, on avait eu soin d’exercer tous ces nobles combattants, et de leur bien marquer lcs cndroits oii ils devaicnt fairc feu, et applaudir a toute outrance. I>c sagę Tacite (4), le prudent Theophraste (5), et tous lcs graves senateurs de ła Rćpublique des philosophes ne se trouverent point a cette alTairc ; ils nc jugerent pas k propos d’exposer leurs augustes personnes. Ils atten-daient revćnement aux Tuileries, oii ils se proine-naicnt imjuiets, egarćs, impatients. Ils avaicnt donnę ordrc qu’on leur envoy&t un courrier k chaquc acte.
Les gens de goót s’avancerent tranqui1lemcnt, mais en trćs petit noinbre, sans commandants, sans dispo-sitions, et nieme sans troupes auxiliaires ; ils se repo-saięnt sur la justice de leur cause : confiancc trop aveugle !
(1) I,a Morlltre, auteur d\in roman Angola, qu'on 1 u 1 eontfilalt.
(2) l/abb4 Mehćgan, IrlaiuluU cft'oritfinr.
(.1> L'abbr dc )a Porte, ancien collaboratcur de Fr^ron, pa»a4 aux Phlloiophft.
li) IPAIembert, alluainn k un traduetlon de Tacite.
\i) DucIo», k causc de icb ConstdłraUons sur Us nururs.
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La toile sc leve ; le signal cst donnć ; 1’armće phi-losophiquć s’ćbranlq ; ellc fail retcntir la salle d’ac-ciauiations ; le choc des mains agile Kair, ct la tcrre (femblc sous les hatteinenls de picds. On ful quelquc temps sans dćpćcher le courrier, parce qu’on ne sa* vait si le premier acte ćtait flni ; łorsqu*on en fut-certain, le gćnćral honora de cel emploi un dc ses plus hraves aides de camp, Mercure, exile de 1’Olympe et prive de ses fonctions pćriodiques (1).; ii pnrlil plus prompl qu’un ćclair, arriva aux Tuileries, annonra ce brillant debut aux sćnatcurs assemblćs, leur dii qu'on avait applaudi i tout rompre, memc avant quc les acteurs ouvrissenl lu bouche ; que le seul nom dc Wnsp (2) (mol anglais qui signific guepe), avait cxcitć des transports dudmiration ; que rien n'ćtait-ćchnppć, et qu’on avait saisi tout 1’esprit, tout le sel, loule la finesse des ćpigraimnes (Yaraignće, de uipłre, de co-(juin, de faquin, de fripon, etc., etc., etc...
Le Sćnat, en rćeompense d’une si heureuse nou-vellc, assura le messager qu’il relćverait toutes ses pićces tombeei, qu’il forcerait le public les trouver nobles ct touchantes, ou du inoins qu’il les ferait jouer devant lui.
Au second, au troisieme, au quatrićme acte, nou-veaux courriers. nouveaux avantages. Enfin, le faible dćtachement du gotit fut ecrase par la superioritć du nombre, et les'barbares se virent niaitres du champ de bataille. L’armće victorićuse fit unc marche foreće pour se rendre aux^'uilcries, ou ellc deboucha par le Pont-Royal, au bruit des trompettes et des clairons (3). I*e Sćnat trćs phi!osophique, fut dans un instant
(1) Marmontr). Le due d’Aumont venn!t de luf fair* enlerer U dlrection du Mercure.
(2) A la reprltenfatlon Prrlon avalt remplac* par l’*qu!valent anglais Wnsp.
(8) Mile Clalron, Parnie de Marmonlel. tr*l d*vouće k la cause pbllo-sophlque. v - ,