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Peut-etrc mon ami tfu Portzic vous dira-t-il ce quc dcvicnt M. dc L’Isle Adam dont je n*ai pas entendu parlcr depuis votre mariage. J’cn suis au memc point pour tous mes bons vieux anris de Kerjan Coatanscourc’h, a qui j’ai vaincnu*nt ćcrit de Romę, il y a bien des mois. U est impossihle cepcndant que tout ce inonde m’oublic ; je n’on croirai jamais rien, quoiqu'ils fassent k prćsent, ou plu-tót quoiqu’ils nc fassent pas. Faites-leur parvenir mes plus afTectueux cotnpl^nents, en vous scrvant de Pintermć-diairc de Minę Emilie, qui aura soin, je Pen prie, dVn garder une Jarge part pour elle et tout Keresćlcc.
Yoila un long bavardage, ma chirc socur, et pus un mot dc ce beau climat de Naples ou je vis depuis un mois. II ne rac reste plus, Dieu merci pour vous, le tcnrps de vous faire des descriptions ou des rćcits dc voyageur. Que votre noble £poux rac supplće, car il le pcut avec ses souvcnirs dc Cadix ; ces deux ciels sont tout un, je m’iino-gine. Pour recompenser ce savant docteur dc sa peine, je Pcmbrassc ainsi que vous, ma cherc I.ouise, du plus vrai de mon corur. Que Dieu vous benisse tous deux, et fasse de vous un couple patriarcha]* commc il les aime. Dites a Auguslin de vous lirę dans sa belle Bibie k fllets d’or Phistoire de Tobie quc je lisais, il y a un an, avcc delices, en entendant une certaine solution que vous savez.
A Dieu encorc, et croyez bien que je suis raille fois k vous.
Lżopold de Lćseleuc.
Je vous charge de donner de mes nouvelles au Kerveur. Quoique je n*ecrivc pas k papa pour le jour dc sa fete, il ne faut pas qu’on croie quc je Poublie. Mais il m’est impossiblc d'envoyer le memc jour la part que je voudrais donner k chacun ; Adolphe a eu la sienne par le dernier vapcur ; le prochain emportera, s'il plait a Dieu, que!que chose pour la maison paternelle.
Prćsentez mes respects a la familie de Pontavicc. Par-lez aussi de moi a ceux de vos voisins que ma soutane ne fera pas fuir trop loin, dites-leur que je ganię dc Pąccueil de Poullaouen le meilleur souvenir. Mes compliments au ęjergć dc votre cath^drale j le doctcur se chargcra du
rcstc du diocisc. Enfin, car il faut tout dire, — mon pau-vre chien ne L’oublie pas, vuus pouuez minie bien lui dire la chose — qui fait qu'in me r'connaitra pas (1). Cepen-dant, nc juróns rien ; j’ai la plus haulc idee dc la moralitć dc M. Fangs. Lorsque jc lui dcmandais dans mon langagc : Chien, qui itcs-vous ; il nc manqua janfais dc mc rćpondre flans le sień : Fangs, pour vous scrvir. — Augu^in, qui csl Espagnol, aurail mis para seruir V'. G. Mais mon chicn n’cst pas oblige d’etre Espagnol. — Lcs Eazzaroni de Naplcs sont bien plus forts ; il nc m’appcllent jamais qu’Exccllcncc. U est vrai qu’il suffit, pour avoir droit a cctle distinction. do porter des soulicrs.
Si vous douticz aprts cela du bon ćtat dc mes facultes poetiqucs, jc livrcrais i la savantc appreciation de mon Augusto frere, les. vers śuivants, ćcrits ces jours dcmiers sur le plus haut rochcr du famcux inont Epomee, a Ischia, ile ravissantc situćc ń 7 lieues au Sud dc Naplcs.
Pourquni donc as-lu mis, montagne, la ceintnre ? Pourguoi t'es-lu reint, roc, de cetle rme obscure,
Qui dłrobc a mes geux ce si beau golfe. — et qul Sous empeche de voir ce qu’on voit bien d’ici ? —
V. Hugo. (Inódit.)
Lamartinc qui sc rendait a Ischia sur le mtine navirc quc moi pour y passer le rcstc dc FM, aura pu, quelques jours aprds, admirer ccttc brillante improvisation. — Sur le livre des voyagcurs, j’ai ćcrit plus serieusenacnt, et en le signnnt dc tous mes noms et prenoms, cc fragment d’un chanl palriotique qui, suivant mon ani i Thćodorc de la Villeinarquć, fait lcs dćliccs des veill£es du Lion :
Me gar ar Breiz hag ar Brefzad,
B rei zad oun’ mc, hag eo va zad (2).
(1) Lui qtil, j* suis siilr. s’ faisult un* fłte.
Dr iw volr Profcsseur dr droit,
II pleurrr* commr u nr Wtf,
Qunnd J* »craI recteur dr quelqu’ rndroll !
II picu rera — a — commr une b* — te, etc.
(avec PaccompagnementJ
(2) J*alxnt la Brdagne et le* Breton*. — Breton mol - mtmo commt mon ptrt.