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di- saint Yves, et c'est dans notre Eglise nationnlc que j'al otrcrt ce inatin le Saint Sacriflce, cn priunt I)ieu dc nc point laisser arrachcr sa foi a un pcuplcqui a tant fait pour la defendre et la conscrvcr pure. Hćlas ! Monsei-gneur, j’ai trouvć au pied de cct autcl, prcsquc abandonnć dt-pnis quclqucs annćcs, des pensees amires et un con-traste cruel entre le present et un passć qui n’cst pas loin. Je me suis promis de deposer dans votrc coeur paternel un chagrin quc partagenl avec moi tous lcs Uretons qui ont visitć Romę dans ces dcrniers tempa.
Au commcncement du qu(nzićmc siacie, lc Papę Calixte III, si jc ne me trompe, donna & notre nation unc des plus vieilles ćglises de la villc. Aussilót elle fut misę cn ćtat de servlr au culte ; des fondntions trós importantes y furent faites, et la generositć quc nous avons toujours eue pour les choses dc Dieu, mnlgre notre pauvretć d’an-cienne dale, eut bicntót trouvć moycn de biltir plusieurs maisons pour nos pćlerins et nos pauvres, de fonder et de doter un hospice pour nos malades. Saint-Yues des Uretons devint une paroisse, et, commc toutes lcs nations dc l’Eu-rope, la notre fut representee aupres du tombeau des Apó-tres ; elle y eut sa modeste rćsidcncc pour les jours de pćlcrinage ou de persecution. Apres la rćunion. nos ćta-blissements, commc ceux des Lorrairis, des Bourguignons, etc., devinrent Franęais, et furent confićs a 1'adininistra-tion dont 1’ambassadc cst le centre. On peut bien voir aujourd’hui que, dćs les premiers jours, ou peu s’on faut, la protection de notre nouvclle mćtropole resscmbla sin-gulieremcnt a celle du Seigneur dc Lafontaine. Notre ćglisc fut negligee, laissće sans reparations, ct, si l'on peut cncore aller admirer son magnifique pave dc mosatque et ses colonnes de granit, c’est quc tout cela ćtait tk l’ćpreuve d'unc longuc cxpćricncc. Cepcndant la rćvolution de 94 elle-niemc ne nous dćpossćda pas cntiirenicnt. 11 y eut toujours un recteur breton & Saint-Yvcs ; nos maisons et notre hospice furent loućs au prorit de Saint-Louis des Franęais, mais cnfln elles rcst^rent ; nos 12 ou 15 mille livres de revenus sc conservćrent; les 1.300 uicsscs fon-dćes & perpćtuite par la pieti de nos ancitres furent cćlć-brćcs prćs des tombcuux ou j’ai lu les noms celtiques des
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fondatcurs ; Saint-Yves ćtait toujours unc paroisse, ot, par consćqucnt, lino ćglise vivantc ot frequcntće. Aujourd’hui, Monseigncur, cc n’ost plus qu'un bćnćflce on commonde. et, si J’en crois certains bruits, nous sommes uunacćs d’etrc plus dćpouilles encorc quc nous ne le sommes. lin 1824 (car la consonunation du mai que jo viens dćnoncer A Yotrc Grandcur n’est pas plus ancionne) on obtint du Souverain Pontife Kautorisation <t,acquittor dans 1'egliso de Saint-I.ouis les fondations bretonnes, et Saint-Yves fut formę, au grand inćcontentement du quarticr qui se trou-vait compris dans la circonscription d’une paroisse plus eloignće. Mais il est vraisomblable qu'aucune rćclamation ne fut faite au nom des proprietaires dc 1'Eglise ; elle fut donc close ot abandonnee. Kn 1842, on pensa a reconsti-tuor 1’anciennc communautć dc Saint-Louis, en obligoant lcs chnpelains a la vie coinniunc ; plusicurs de ccux-ci, presquo tous Corses, s*ćtanl mon (r es peu disposćs 5 subir la nouvelle loi, on chercha le moyeu de s’en dóbarrasser, ot la rcctorcrie de Saint-Yves fut retablio pour y placer un de ces prćtres. Jo dois dirc on passant, que, toui Corse qu'il est, sa voix est la soule qui s’ćleve pour rćclamer au moins quelques-uns des droits do notre eglise ; mais vous comprenez, Monscigneur, que ce n’est pas unc grando auto-ritć. 11 y a quclqucs somainos, plusicurs de nos compa-triotes. MM. de Kcrgućlcn, I)oncquer, dc Kermcnguy, Le Yicomtc, etc., allórent y celebrer la Sainte Messe, et onsuite se rendiront en corps clie* M. Lacroix, clerc national dc France, pour lui dcmander que l’on flt au moins quclques rćparations a notre óglisc. Mais je suis convaincu quc, cette fois cncore, on s’en tiondra A dc bcllcs parole*. DćjA deux maisons, dont 1‘unc etait notre hospice, ont ćtć vcndues a 1'eglise des 1'ortugais, pour le prix de 8.000 piastres. ou 42.000 franca ; une troisieme est louec par bail cmphytćotique, cc qui rossomblc bien A unc aliena-tion. II ne se dit pas dans 1’eglise d‘aulre messo quc colle du recteur, et aujourd'hui, jour dc saint Yvcs, je .m*y suis scrvi d’un calico dc cuivre, ot d'un ornement troue. En lin, il est, dit-on, question d’abandonnor Pćglise A unć confre-rłe d’avocats.
Je crois, Monscigneur, qu’il sorait trćs facile d'obtcnir,