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k lever les bras. SI ton fauteuil est trop bas, lais raettre un coussin ou simpleinent un misse), sur leąuel tu seras assis. '
« As-tu jamais pu imaginer qu’en parlant du plus bean siecle que le monde ait un, jaie c.u dcvant les yeux celui que je mćsestime le plus! Si j’avais pu le prćvoir, j aurais ajoutć : celui de Louis XIV, mais on mc connatt si bien ici ąuaucun des miens ne s'y sera trompe. J‘ai tant de fois expliquć sur cela ma pensie, ęt surtout dcpuis quc je suis occupć a refuter les idóes fausses et systćmatiques de M. Bautain, trfcs estimable, d ailleurs, mais dont les idćes modernes ont soulevć bien du monde contrę lui. Depuis, et mćine avant sa brochure, je me suis occupć de le faire revenir dans la voie de tous les Póres et 1‘ensei-guement de 1'Eglise; il a eu le mauvais esprit de tourner en ridicule la scholastique adoptće dans Ibglise, et qui a donnś k la France tous les beaux gónies du plus grand siicle que le monde ait jamais un. Dans sa philosophie, qui est celle de ses 616ves, il prćtend que par le raisonnement seul on ne prouve pas l'cxistencc de Dieu, qu'il faul y joindre la foi pour coinplćter la preuve. Je crains aussi qu’en oppositiou k Laraennais, qui donnę trop au tćmoi-gnage des hommes, il lui en donnę trop peu, mais il n a pas imprimś ces deus dcrnieres erreurs, et j’espćre qu'il ne les imprimera pas, depuis de longues conversations que nous avons eues et les livres que je lui ai fait voir, les textes que j'ai estraits des Pires de l'antiquitó et que j’ai fait copier pour lui et ses adeptes. Ces fausses doclrines ont dćjti fait du bruit au loin et excitć des rćclamations : je les lui avais prćdites. Je me flatte que je le ramenerai, quoique mes amis ici pretendent que non. U a de la pietć et mćme beaucoup, ses adeptes de m6me. lis sont dc bonne foi, sont bien eloignćs de vouloir, comme on le pretend, faire une espfcce de secte; il a conver)i cinq Juifs et quel-
ques jeunes gens qui tiennent fortement k lui. Ilsexcitent de la jalousie parce qu'ils ont une ćducation superieure ; ils dirigent mon Petit Sćminaire de Strasbourg, ne pren-nent aucun salaire, donuent du leur pour soutenir de jeunes ćcoliers pauvres et viennent de batir. k leurs frais, une belle chapelle qui leur coritera au moins 60.000 francs : toute la ville les estime, elle les comble de louanges. Tu vois qu'ils sont dignes des ćgards que je leur tćmoigno, des soins que je me donnę pour les ramener par la eon-viction, avant d agir avec autoritć. lis sentent mes procć-dćs et j en attends d‘heureux effets. Dej&, ils ont enseignó, d‘apres mes ordres, la Pliilosopliie de Lyon, celte annće passóe ; leurs ćlóves viennent d ótre examinćs, suivant Tusage, avant les vacances, par leurs rivaux, et ont tous mśrite d en Atre loućs. Le rapporl qui m'en a ćtć fait est trfes favorable et me donnę 1'espoir que tout sarrangera, ainsi que je le dćsire.
« Notre cher Premord parali s'śtre remis : il me parle de toi avec la tendresse de cceur que tu lui connais pour nous deux. 11 est aux regrets d'avoir quittć; s'il avait su qu‘on ne demandait point de serrnent, il serait restć. Je viens de lui rćpondre en ton nom et au mień. Je lui oHre ici un joli appartement, pour lui et sa bonne compagne, sans autres frais que ceux du voyage et de son enlretien ; il serait dans son diocese, nous vivrions ensemble ; rien de plus facile que le voyage de Londres ici pareau : toutes les semaines, des paquebots k vapeur partent de Londres pour Rotterdam, d'ou des bateaux k vapeur remonlent le Rhin jusqu'i Stresbourg. Je crains fort qu'il n acceptc pas.
« Comment n as-tu pas ćtabli chez toi uneSorbonne en petit pied ? tu aitnes tant la thćologle ! et tu la possddes mieux qu aucun de nous. Je suis enchante de la mienne. J'ai dćji plus de soixante sujets dans le ministere qui ont passś un ou deux ans ici, sous la direction d'un maitrede