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fique Palais des anciens Evśques, ou joccupe le premier. J’al trouvć toules les autoritćs, et eosuite les colonels avec le corps de Icurs ofTiciers et j'ai recu. les jours suivants, les divcrses corporations, puis les individus en delail, et cela sans cesser, ne pouvant pas ćlre un instant seul. Puis il m'a (allu rendre les politesses, visiter les hApi-taux, prisons, hospices, grand et petit Sćminaires, aca-demie, colleges, tous les etablissemenls. Je ne dois pas oublier les visiles qui mont ćt6 renducs par les consis-toires de luthćriens, de rćformćs, de juifs ; jai cru que cela ne (inirait jamais. Tout cc tracas a bien quelque chosc de flatteur, mais on n’y tiendrait pas longtemps. Ce qui me l a fait soulenir, c’est In pensee que tous ces honneurs sont rendus a la religion, tout est pourla Croix, rieu pour les honnnes. Cela console, apres les exces rśvo-lutionnaires.
« Je me suis echappć aussitAt qu’il m'a ćtć possible, je suis veuu respirer dans le chsUeau que le Domaine veut bien louer aux Eveques ; il est placś dans un trćs beau pays, en bon air : les Jesuites y avaient ćtabli un college, et Buonapnrte en avait fait une Sćoatorie. La maison est superbe, tient a une tres belle eglise, qui serait fort ad-mirśe a Paris, si elle etait proprement entrctenue. Voil$ le cólć brillant de ma position; en voici le dfeagrćable et le dilTicile :,la pitftć, le żele regnent dans le clergć, mais font souvent du mai par defaul de science. Les Prolestants, au contraire, sont instruils, ils nont pas et ne pcuvent avoir 1’estime qu»l nous serait si utile de leur inspirer. lis sont paisibles, et cest beaucoup. Jentends dire que, depuis niouarmśe, ils recberr.licnt et lisent laDiscussionAmicale, 'uniquenienl par curiositć. Si, par la suitę, quelques-uns veulent en causer avec moi, jen serai chamie. Mais je ne crois pas qu‘ils le vcuilleót.
« Nous avons aussi nos ćcoles de Droit et de Mćdecioe, dans le genre de celles de Paris : il faul s altendre qu ellcs nous donneront de la tablalure un de ces jours. Les auto-rilćs sont bonnes, gnkes 5 Dieu : le Maire, les Comraan-
> Quimper et L6on
dants miiitaires sont tres bons, le Prćfet excellent, une tćte superieure en capacitć, il me montre beaucoup de confiancc et d interśt. II nous arrive de Paris, il aura vu notre Ministre. Prćmord l a rencontre cbez M. 1'abbe de la Chapellc et a ćló ravi de sa coaversation et de ses prin-cipes. !
« Jc voudrais tcrminer mon travail de l'hiver dernier; jusqu'ici je n'ai pas trouvś un moment pour y pcnser. Ouatre hommes comme moi ne suffiraient pas pour gou-vcrner ce vaste diocese, je n’en viendrai jamais 5 bout. Je ne m ćpargnerai pas. mais reduit presque a moi seul, je sens 1'impossibilitć de faire ce qu*il faudrait : cela me dćsole. J ai souvent souhaitć dćtrc ici; inainlenant que j'y suis, je vois toutes les diflkultćs. Dieu merci, je nen suis pas abaltu; peut-ćtre Dieu in'enverra-t-il de 1'aide, j en cherclie de tout cótś, je ne suis pas sans espoir d en trouver. S il m'envient,je pourrai me tircr daffaire assez passablement, si la bonne Yolontć que Fon me tćmoigne se soutient; on mcncourage et jespere. Dieu veuille m'ac-corder les moycns dc faire quelque bien avant dc mourir!
« Adieu, cher et tres cher ami. Que je voudrais que tu lasses ici t6te-ó-tóte avec moi, seulement jusqu a l'au-tomnc ! Tes conseils, ton cxpćrience me rendraient les plus grands serviccs. Cela ne se peut. Tu me donnes tes prićres, j en suis sur. et cette ccrtitude me donue du cou-rage. Porte-toi bien. L attachement et 1’estime de tous tes diocćsains doivent aider k ta santć : jouis-en longtemps. li n'v a guóre d'Kv£ques en France aussi houores, aussi aimćs que toi, j en juge par ceux qui m ont parle ou ecrit de toi. Je n en couuais pas non plus qui le mćritent plus que toi.
« Adieu ! Mes souvenirs k 1'abbe de Mauduit, de Trome-lin, aux dames du Dresnay, k M,u Pitot. Je te souhaite toutes les consoiations du monde. Je t embrasse comme je taime, de tout mon cceur. Adieu! »