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divisiau. Le móme jour, ia mćine condamnation lut por-tće contrę Marie-Julicnne Gigant, eu religion Soeur Pau-line, originaire de Pleyber et demeurant ii Taulś(l).
Labbć Calvez, dans son ouvrage sur Pleyber-Chris!, nous donnę le motif de 1'arrestation de la Soeur Pauline. « Dcsgendannes passerent devant sa porte, menant.M^^de Kerlćan. La prisonnióre marchait peuiblcment, courbće sous le poids de son grand Age. Prise dc pitić, StBur Pauline sortit lui oflrir un Mion, avecquelques paroles chau-des et rćconfortantes. Des tćmoins, enlrautres un moioe apostat, rapporterent les paroles au Comite rćvolution-nuire de Morlaix ; elles lurenl jugćes Ilbertlcidcs. Prison-nićre a son tour, Steur Pauline lut condamnćc et guillo-tinće a Brest, le 9 Juillet 1794, & l'£ge de 30 ans » (2).
Dautres arrestations arhitraires, opśrćes dans le voisi-nage ou dans le dćpartemeut, donnaient 5 rśllćchir aux municipalitćs chargćes dc surveiller Texćcution des lois rśvolutronnairesdansleurscommunes.On savait au besoia leur rappeler qu'il etail dangereux de biaiser avec la loi.
Les officiers municipaux de Saint-Thegonnec, comme bien d autres, d ailleurs, avaient reęu, le 16 Thermidor an II (3 A o Ot 1794), une lettre pleine de menaces pour n'avoir pas encore abattu les croix qui se trouvaient sur le territoire de la commune. « Je vous dśclare, leur disuit-on, que si, a la prochainc tournćc que je lerai dans votre arrondissement, ces resles impurs du lanatisme insultent encore aux yeux des bons citoyens, je scrai forcć de vou$ denoncer aux autorites superieures. Vous serez traitćs df suspects et vous savez la honte attachee & celte punilioo.• S ils avaient ćte persuadćs que la honte etit ćtś leur seule punition, les ofliciers municipaux n auraient pas hćsitei jeterau panier la lettre du District de Morlaix; mais ils
(1) Archivctt dćpurtcmciituicft, *ćric L, linssc 219.
(2) Pliibtr-Chriit, pur 1'obbc Calyhz, pagc 17,
nignoraient pa9 que d autres chatimenls les altcndaient, chatimenls autrement redoulablcs que la honte encourue pour ćtre restćs fidfcles k leurs convictions religieuses. A plusieurs ordres semblahles re<;us antćrieuremenl, ils avaicnt cru- bon.de donner un commencement d'exócu-tion. II s'agissait alors, comme au 3 Aout 1794, d abattre toutes les croix, cellesdes carrelours comme cellesducal-vaire, du cimetićre. L’exćcution d’un pareil dćcret dut ćtreodieusefc leursconsciencescatholiques.Tiraillćs cntre la crainle de commettre un acte sacrilege et la peurden-courir le ressenliment des auloritćs superieures, comment avaient-ils agi pour se tirer daflaire en pareille occur-rence, et comment agiront-ils, pour obćirfc 1'ordre mena-ęant du 3 Aoflt ? Nous devons avouer qu'ils ne se condui-sirent pas en hśros cbretiens; mais, dans toute societć, les hćros n’ont toujours ćtó qu'une infime minoritć. Les ofTi-ciers municipaux de Saint-Thegonnec ćlaient cerles de bons chretiens et tenaient k la conservatioo de leur religion. lislavaientprouvćen maintescirconslances.C etaient de simples paysans qui nauraienl pas mieux demande que de cultiver paisiblement leurs tcrres et de praliquer tranquillcment leurs devoirs religieux sans ótre obliges de s occuper des questions scabreuses et irritantes de la politique... Ce mandat d ollicier municipal, tani convoilć en temps ordinaire, ils ne l'avaient pas recherchć, mais comme nous le verrons plus loin, on le leur avait imposć. lis nc l'avaient acceptś qu'i leur corps defendant, par * crainte de voir leur patriolisme suspectś. Dans certaines circonstances critiques, la peur dominera leurs consciences chretienues et leur fera pratiquer la politiquequi consiste k mdnager la chćvre et le chou. Ils avaient laissś ahattre unc croix qui se trouvait a u pros de la fontainedu bourg en se disant, sans doule : « En voila ossez pour pou-voir dćclarer au District quc nous avons obći k la loi »;