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Je leur ai donnć mon Petit-Sćminairc i diriger, ils le fonl en genćral sans appointements, donnenl mórae du leur a de petits sujels pauvres. lis oni, de plus, Mli & leurs frais une chapellc rcmarquablc au Petit-Sćminaire. Ils pró-chenl avec de grands succfes; loul cela leur allire les ap-plaudisseinenls de la panie distinguće de la ville. lis out ainsi beaucoup damis parmi les babitanls, maisnondans le clergć, avec leąuel ils ne s'amalgament pas, malgrć tous les avis que je n'ai cessó de leur donner. lis font classe ou clique a part.
« Daprds cela, juge de 1'embarras qu'ils me causent. Je les ai forcćs d enseigner la Pliilosophie de Lyon, je leur ai donnę celle de l'Ev6que du Mans, ils en font ap-prendre par cocur aux ćcoliers, et s’en moquenl devant eux. Ils prćlendent que_celte scholastiąue est dćgotitante, absurde sur plusieurs articles, et ne veulent pas s'as-treindre i l’expliquer en latin, comme je l'ai ordonnś. Le fait est qu‘ils ne parlenl pas latin de manierek s'expliquer convenablement. Ils n’ont gućre fait dćtudcs qu'en fran-ęais. M. Baulain, professeur de Philosophie i l acad^mie, est supćrieur du Petit-Sćminaire; ses ćleves y sont profes-seurs ; il faut convenir-que les eufants y sont trćs hien tenus sous le rapport de la pietć, des ćludes et dc la sanie: les parents en sont tres contents.
u Le professeur de la Philosophie m a envoyć sa demis-sion a cause du latin ; lui quittant <i la fin de 1'annće, aucua de ses camaradcs ne restera, ils l ont dćclarć. Je trouve-rais bien a les reinplacer, maisquelle rumeur dans la ville et le diocese! 11 faudra subir mille et mille contradictions, 1'allaire aura le plus grand śclat. A ma place, ne braverais-tu pas la tempćtecomme moi? Je ne puiscćder, jene puis perinettre que l un enseigne une mauvaise doctriue daas mon diocese; ils soutienuenl, eux, quelle est bonne, et ue yeulent pas se rendre au jugement de leur KvOque. Je
pense a dćferer l allaire a mes collegues, comme od a fait iToulouse pour Laniennais. Donne-moi tesconseils. Pour prćvenir le clergć de France, j'ai envoyć mon Mandemenl a un grand nombre <TKvćques et mćme b Romę.
« Adieu, cher et excelleut ami, cooserve la saolć, elle est bien prćcieuse ; il resle bien peu de prćtres instruits, ceux de moyen Sge ne le sont guere. Tachons den ćlever de meillet/rs. Crois-moi, mon cher, (ais veoir ies ouvra-ges tlićo)ogiques du Cardinal de la Luzerne, rien n'cn approche ; il faudrait que tes professeurs au moins les connussent. Ce n est pas une grandę dćpeuse pour toi et ce seraitla plus utile 5 ton clergś.
« Adieu, tout 5 toi, aujourd hui comme hier, comme toujours a la vie, a la mort. >J
LVII. — Une Bretonnc de Montroulcz, <i Slrasbonrg. Retraites de M. Boy er. La Mennnis et Iiaulain.
.« Sirasbourg, 8 Juin 1834.
« Voici une rencontre bien singulićre, mon bon ami. On mannonce une de tes diocćsaines avec ses deux petits garęons. En eflet, je dis deux mots en bas-breton & cette brave femme, elle men rćpond quarante. Elle est aux anges de me savoir dez a MontroyUz, et me raconte mille óloges de toi, de ton immense charitć, me dit que sa scrur a le bonheur dMre & ton senrice. Elle te dira cjuelle a ótó a Riom, en Auvergne, de 1& ici pour ramener ses deux enfants, les arracher h 1'ignorance de leur religion. Nous śtions dans la ci mi rat i on de sa foi, de son courage : c est une vraie femme forte, petite, mais pleine de feu, toute confiante en la Provideuce. Je ne veux pas la laisser par-tir sans te dire qu'elle a śdifie Strasbourg. On ne rerient pas de son courage.
cc Je viens de voir,ce malin, 1'abW Boyer,qui commence,