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Jćsuites ; il est devenu Sćnatorie de M. Kellerraann, qui a jetć par lerre beaucoup de bdtiments; reste le chAteau, qui est vaste, entre cour et jardin ; il est coraposć d'un rcz-de-cbaussće ćleve d uo premier śtago vaste, d'un second plein de jolies chainbres partagćes par ud loog corridor, car la maison est double. Jentre sans sortir dans leglise, qui est fort belle et sert de paroisse. Jai fait arraoger les chambres du second, blanchir, tapisser de papiers, garnir de meubles modestes : tout cela in'a bien coCttó. Jai fait choix d uo liabile thćologien ; jai pris les moins mauvais des thćologiens A la fin du cours, j en ai aujourdhui dix. Je les fais ćtudier les grandes ques-tions de la thćologie ; ils ont les livres nćcessaires : ils soccupent surtout des cinq premiers siecles, dont les ćcrits sont dans la bibIioth&que. Ils travaillent avec zóle, je les anime. Jespere que, dans trois annees, ils seront armes de toutc piece. Dans le norabre, j ai un protestant de 25 ans, qui professait les mathćmatiques A Basie, et s est converti par ses lectures; deux jeunes juifs conver-tis, qui ont fait de bonnes ćtudes, ćtaient avocats, ins-truits dans les langues et dans le Droit; ils ont des raa-ni&jcs, de la politesse et parlent franęais A merveille. J*aurai, pendant les vacances, un tres cćlebre professeur de Philosophie longtcmps dćiste, raais depuis trois ans parfait chrćtien (1). Sa resolution d'6lre prćtre fait grand bruit et a beaucoup fait parler. II a un talent prodigieux
(1) Cest. en offet, le 16 Aotit 1828. que M. Hnulain et le ncveu dc M,łt Humann, Adolpbe Carl, entr^rent au Seminairc dc Molsbcira, ob Tb^odore Hatisbonnc vinl bientót les rctrouver. M'Jr Lc Happc de Trt-▼ero %e rnonlra.trts empressć A admettre, dans son clergć, ces jeunes hommes qui unissaient, aut babitudes du mondc, 1’aaiour des Sciences et des lellres et en qui il trouvait une foi ardcnlc et unc picie eclairćc. II etamina lui-mćmc MM. Bautatu ct Carl et, considćraut que leur ins-truclion theologique ćtait suftisantc, il les appela au saccrdoce et ils olU-rent, nouveaux pretre*. reprendre au colltge de Slrasbourg le cours dc leur* lravaux. M. Bautain avail alors trcntc-deux ans.
pour la parole : son Cours est sum par des jeunes gens et des hommes śgćs. Je crois qu'il fera etonnamment de bien. II naspire qu'au moment de pouvoir prficlier. Je le pousserai vite; et sans autre Sśminaire que trois mois de \racances ici. II est professeur de rUniversitć, et il fait tant de bien par ses leęons qu'il faul l'y laisser. II mame-nera bien des jeunes gens de familie, entreautres un professeur, son Ć16ve, fils d'un monsieur, mon procbe voisin, qui a plus de 60.000 livres de rcntes, et deux fils. Et un jeune juif elevó k Parts, plein d esprit et surtout de foi et de religion ; ii a elś converti par ce professeur de Philosophie, avec lequel il demeure. Du resle, son p6re, homme fort riche, est leclief du consistoire israelite k Slrasbourg, qui aprfes avoir eu bien do 1'humeur contrę son fils, finira peut-6tre lui-rnćme par devenir chretien. II lit la Vie des Sainls de Buttler; j ai conseillć de lui faire lirę les Actes des Martyrs de Ruinart; il y aura beaucoup de conver-sions parmi les juifs : il y en a quarante qui suivent le Collfcge royal, et sont pour la plupart dirigćs par ie fils du clief du Consistoire.
« Sais-tu ce que tu devrais faire, cherami ? au lieu d en-Voyer deux ordinands k Saint-Sulpice, tu devrais me les envoyer..Tu payes 6 k 7 cenls francs leur pension, je les prendrais pour 400 francs ; essayes un couple. II faut que leur caractere soit doux, modeste, leurs dispositions heu-reuses, avec le dśsir de s instruire. Outre la science, ils prendront ici des manićres polies; je suppose qu'ils par-lent bien franęais et qu’ils ont fait dc bonnes liumanitćs. La route est plus longue de trois jours, mais ils rctourne-ront, au bout de trois ans, fort instruits et capables de rendrc de bons services, pense k cela, mon cher. Je ne suis pas trop partisan du Saint-Sulpice actuel,qui ne ressem-ble plus k 1'ancien et ne vaut pas mieux que ton Sćminaire et le mień. Je lai vu de pr6s, dans ma relraite k Issy.
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