Nothomb, ces schćmas ne survivent plus, les cliches sont melanges, abattus et persiflćs. La laideur n’exprime plus le mai, c’est la mćdiocrite et le caractere nul qui representent la valeur la plus negative. La monstruositć suscite souvent la sympathie parce qu’elle tente d’etre extreme, maudite, elle veut avoir du style (v. Tach et Epiphane). « Le style, c est la seule chose qui
per met d*affrouter Pennemi. »46
Revenons au protagoniste de YAttentat. Epiphane traite de la morale de la beautć: il refuse la compassion avec les affreux et n accepte qu une beaute essentielle. II se moque du mythe romantique : Quasimodo devrait aimer « une vieille edentće », mais aimer la belle Esmeralda est une insolence absolue d’aprćs Epiphane qui, lui-meme, ne prćtend pas avoir une ame pure.
II se moque aussi du monde qui vćnćre la beautć sans esprit. II meprise des femmes laides et il est le dćfenseur de la beaute sublime parfaite. Le rćcit laisse transparaitre son agressivite vis-&-vis de ce statut de ni beau, ni laid,
« ni figue ni raisin ». Epiphane, ainsi que 1’auteur, reprouve cet etat zćro . « — Peut-etre auriez-vous prefere n'etre ni belle ni laide, semblable a la multitude, invisiblet insignifiante, sous pretexte que la liberte consiste a etre quelconque. »47 II se venge de la socićtć hypocrite qui n’avoue pas que la laideur la repousse et fascine en meme temps.
Comme il est hideux absolument, il n’absorbe que la beaute surćlevće. Epiphane est convaincu que la beautć et la laideur absolues appartiennent 1’une k Pautre, qu’il y a une conjonction spirituelle entre elles. Mais pas k pas, le lecteur voit que sa fantaisie s’excite par les images sexuelles brutales et violentes. Nous voyons que dans son corps denature, il y a une ame perverse — sa personnalite est donc consistante, il est laid tout a fait. Amćlie Nothomb renverse k ce point le mythe romantique du « sauvage pur ». C est Ethel qui nous le fait remarquer beaucoup plus tard en dćmasquant le vrai
lorsque la laideur Paccompagne et lorsqu’elle est tirće par les chevaux blancs, c est un masque illusoire, un manoeuvre pervers, la version euphćmique de la mćchancetć. » Nahoum-Grappeovś, V.: "Kśnony o§klivostiM in Zuska, V. (ed.): Umćnl, krasa, śeredno. Texty z estetiky 20. stoleti. Praha, Karolinum 2003, p. 277 univers.mylene-farmer.coin/nothomb/laureline.htm Nothomb, A.: Mercure. Paris, Albin Michel 1998, p. 177
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