qui peut reprćsenter, d’aprós Kristeva, une base pour la production litteraire.
« C’est que langage est alors devenu un objet contre-phobiąue... »
Kristeva, ainsi que Gagnebin, associe 1’abjection a la mort et a la decomposition organique, 1’image du cadavre etant son comble. L abjection protege le sujet rejetant tout ce qui est mauvais pour lui. Elle existe de 1 autre cote des limites oii je ne suis pas, elle m’envahit de ces limites et me menace. Cette transgression des limites suscite 1’horreur et la fascination. « Ce n est donc pas Fabsence de proprete ou de sante qui rend abject, mais ce qui perturbe une identite, un systeme, un ordre. Ce qui ne respecte pas les limites, lesplaces, les regles. L'entre-deux, 1’ambigu, le mixte. » Et le crime aussi (rappelons les «assassins» nothombiens). Kristeva formule
indirectement un mecanisme essentiel du degout que nous allons analyser de faęon plus dćtaillće en examinant les textes de Nothomb : il s’agit du manque des limites distinctes, de l’existence « in-differenciee ». « Frontiere sans doute, / ’abjection est surtout ambiguite. Parce quet tout en demarquantt elle ne detache pas radicalement le sujet de ce qui le menace — au contrairef elle l9avoue en perpetuel danger. »71 L’abjection signifie aussi la perversion a cause de sa relation ambigue a la loi ou a la limite. Le pervers ainsi que 1’abject existent dans l’entre-deux.
De 1’autre cótć Kristeva, ainsi que Gagnebin, attribue a 1’abjection une force redemptrice : « L1abjection est une resurrection qui passe par la mort (du moi). C’est une alchimie qui transforme la pulsion de mort en sursaut de viet de nouvelle signifiance. » 72
69 Knsteva, J.: Pouvoirs de l ’horreur. Essai sur l ’abjection. , * |
1 ibid. p. 17 |
I72 ibid. p. 22___________________________________
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