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les produetions locales, dont le matćriau ne se prete gu£re a un travail de finesse. Du reste, la fonction de ces sarcophages en rendait inntile 1’ornementation. Plus d’une fois, en effet, on les trouve non pas dans des chambres funóraires, mais enterrćs sous des tumulus. Ainsi, le sar-cophage n° 24 a śtó dćcouvert dans un tumulus de la nścropole de Noviodunum 18, enfoui a meme la terre.
La formę des sarcophages de ce groupe, incontestablement impres-sionnante, s’est imposće si fortement au gout local que les artisans de la rćgion n’y ont jamais renoncś. Un exemple de ce fait est le sarco-phage n° 13, dont 1’artisan, sous l’influence de modeles attiąues, a voulu transformer le couvercle en une kline ou il a reprćsentś le mort a demi dśtendu. Mais ne pouvant, ni ne voulant renoncer a la formę du cou-yercle a double pente et pourvu d’acroteres d’angle, il s’est contentd de transformer une des pentes en kline et a laissś les acroteres a leur place. Cette synthese entre le couverole typiąuement proconnćsien et le couvercle-itZine ne se retrouve ni en Oltćnie, ni en Transylvanie -7 meme en Bułgarie nous n’avons rien vu de semblable. En revanche, en Yougoslavie il existe au moins un exemplaire d’un tel couvercle, a savoir a Salona, pres de Split19. Nous ignorons au juste s’il s’agit d’un phśnomene parallele — et, par consdąuent, de cróations indćpendantes — ou d’un type rdpandu dans une aire plus yaste, notre information ćtant incomplete. Mais de toute maniere, cette nouvelle formę ne differe pas essentiellement du modele en usage en ces lieux; elle n’est qu’une yariante du groupe proconnćsien, attestant ainsi 1’autoritć avec laąuelle celui-ci s’est imposd au gout local, peut-etre en raison des avantages rele-vćs par Ward Perkins : «un modello di tale semplicita si prestava ad
una notevole yarieta di trattamento decorativo secondo il gusto delle varie proyince alle ąuali i sarcofagi erano inviati » 20.
L’dtude des critćres de sślection des motifs ornementaux dans 1’art provincial roinain constitue Punę des clds pour Pintelligence de cet art. Ce qui frappe de prime abord dans les sarcophages de la Dobroudja, c’est 1’homogćnśitć de leur dćcor, bien que chronologiquement — et c’est la une circonstance qu’il ne faut pas perdre de vue — ils s’śtendent sur un laps de temps d’au moins deux siecles. Les criteres de s^lection ont eu des racines profondes dans le gout et la symbolique des populations locales, ce qui a permis au rdpertoire ornemental de suryivre a toutes les variations de la modę, plus faibles il est vrai dans ces rdgions pdri-phdriques d’un empire si vaste et aux tendances artistiques si peu homo-genes.
11 E. Bujor, « Dacia », N. S-, IV (1960), pp. 525-539. lf Marce) Gorenc, Antika Jugoslaoija, 1967, p). 34.
20 J. B. Ward Perkins, op. cit., p. 123.