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locale dont nous avonsesquisse les grandes lignes dans le premier chapitre, expriment d’abord une perception du monument conditionnee par les grandes representations collectives du passe local.
II apparait toutefois, k la lecture attentive de la documentation promotionnelle, que le choix dłune
thematiąue d1 interpretation est aussi conditionnee par I ’interpretation du passe du monument telle
qułexposde par d’autres intervenams dans le projet. Ainsi, on peut observer certaines rćfćrences
aux conclusions de Tetude patrimoniale de 1989. En 1994, la SSPGP souligne en effet que «le
manoir a servi de lieu de rćsidence au seigneur Alexandre Fraser, qui a etó a Longinę de Tessor
industriel de Riviere-du-Loup, notamment au niveau des scieries»142. L^sociation qui est faite
entre Alexandre Fraser et 1’essor industriel de la fin du XIXe siecle sMnspire de Tinterpretation de
1’etude du MAC en ce qui a trait aux implications de ces personnages qui auraient ete davantage
determinantes sur le plan economique et industriel143. La reference a cette etude est plus eloąuente
encore dans cet extrait dłun document promotionnel ou on prćcise que
Le manoir du seigneur Fraser a 6x6 un tćmoin privi]ćgić du róle et de Fimplication de la communautć
anglophone au XIXe sifccle dans TEst du Qućbec sur les deux rives du Sl-Laurent.
ns se nommaiem Fraser, MacDonald, Molson, Murray, Robin. Hamilton, Withman, Price, Donohue.
Kempt, Power, McLoughlin...
Ils sont venus pour le travail ou les vacances, ils se sont implantós, ils ont vecu. ils ont participć au dćveloppement des entreprises et de rćconomie de toute une epoąue;
Qui ćtaiem-ils? Que cherchaiem-ils? Qu’ont-ils rćałise? Qułont-ils laisse? Que serait notre rćgion sans eux? Quels tómoignages conservons-nous de leur prdsence? Autant de que$tions auxquclles le manoir Fraser restaurć tentera d’apponer des rźponses
On entend donc donner au manoir la vocation de «centre d"interpretation sur la presence anglophone au siecle demier dans PEst du Quebec, en insistant sur la presence de la familie dł Alexander Fraser, proprietaire du batiment k cette epoque»145. Par le choix de cette orieniation. on maintient Linterpretation des implications ćconomiąues et industrielles d’une panie seulement de cette communaute anglophone, soit Pdlite marchande et les touristes de villegiature. Cette perception du monument, qui s’eIoigne de celle de lacommunautó locale, s’inscrit directement dans les conclusions des auteurs de Petude patrimoniale et se veut un moyen de donner au projet une
M-Anonyme, «lfn comitó poursauver le manoir Fraser», lafo-Dimanches 21 aout 1994, p. 18.
143 La rćference aux conclusions de Pćtude patrimoniale de 1989 est evidente notamment en comparant les propos de la SSPGP avec cene affirmation de Pćtude que nous rappelons ici: «Le manoir Fraser dłaujourd’hui rappelle en tout premier lieu le róle preponderant d’une familie de militaires ćcossais energiques et emreprenants. qui ont choisi apres la Conąuete de s^tablir sur les deux rives du Bas-Saint-Laureni (Cap-a-L’Aigle et RWifere-du-Loup) et qui oni conuibuć puissamment i la misę en vakur de leurs ressources naturelles. Toute comparaison ćtant relative, les Fraser sont au Bas-Saint-Laurent ce que les Price sont au Saguenay», Martin, Lćonidoff..., op. citp. 201.
144 SSPGP, La restauration du Manoir Fraser^, op. cit., p. 4.
145 SSPGP, Restauration du manoir Fraser.... op. cit„ p.5.