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juratus super sanctam legem Moysi”42 En fait, une seule formule d‘assermentation soulśve des ąuestions et semble etre strictement associee a une formę procedurale plus ancienne, il słagit de la formule creditus in Me retrouvee essentiellement dans les affaires des annees 1240-1243. Fort probablement associe a Pancien cojureur, le temoin auquel est rattachee la formule creditus in Me s’apparenterait alors au testis de credulitate ecclesiastique. Cette formule creee par les canonistes permettait de distinguer le cojureur du temoin au sens propre, le testis de veńtate.43
Le temoin assermente a donc ete prealablement selectionne afin de rśpondre aux exigences du droit. Pour Paccusation, il devait etre irreprochable et les criteres indiquant diverses incapacites a temoigner etaient nombreux.44 La defense jouit sur ce point d’un avantage juridique: “Dans un esprit de bienveillance, on admettait Paccuse a presenter pour sa defense des temoins reprochables".45 Cet adoucissement ne pouvait etre applique que contrę des presomptions, des indices et des demi-preuves. II est tres difficile d'identifier si les defendeurs ont eu recours a des temoins reprochables, les registres ne donnent jamais de prścision relative a la qualite de la preuve. Cependant, lorsque la presentation d’un temoin suscite une contestation, les informations se precisent. Ainsi, parmi les temoins critiquśs par (a partie adverse, un seul appartient a la dśfense. Anna, temoin de Pontius Calos accuse par des banniers de Manosquef voit son temoignage conteste en raison d’une excommunication. Son temoignage pouvait pourtant etre reęu si le defendeur Tutilisait contrę une demi-preuve ou un
4256H 947, f. 29v., 13-7-1261; 56H 951, f. 14v., [06-13J-06-1285.
43Sur cette question, voir Tśtude de Jean-Philippe Lśvy, "Le probleme de la preuve dans les droits savants du moyen age,ł, Societe Jean Bodin pour Thistoire comparative des institutions, La preuve: necueils de Ja Sociótś Jean Bodin pour Yhistoire comparative des institutions, Tome XVII, 2e partie, Bruxelles, Edition de la Librairie Encyclopśdique, 1965, p. 144-148.
"N/oir chapitre 2, p. 103.
45Bemard Scbnapper, Testes inhabiles..., p. 153. L'auteur renvoie a Guillaume Durand, Speculum III, 1, de inquisitione, 1, no. 22, Sed numquid: nSed numquid eas [excusationes] veJ innocentiam suam poterrt probare per famiJiares et concubiculanos suos? Dicit Goff. [Godefroi de Trani]quod sic..." notę 44.