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1'ensemble du corpus repond a une telle esthetiąue du deroulement. On l'a vu, le deroulement infini du texte de rap ne lui est pas inconnu. Realisees dans le cadre d'une performance, dont nous ne connaissons pas encore la suitę, les propheties sont deja en elles-memes une performance. Elles sont un logarythme quasi infini du monde, qui en neantise consciencieusement tous les recoins. Le mot remplace la realite, et meme 1’image peinte sur les murs de la DDC. Nous sommes dans une autre etape de la venue vers le chaos dont se reclame la DDC: apres avoir retrouve les images du monde perdues par des medias distraits et gloseurs, nous en retrouvons le texte, le conte. La parole s'eloigne de la langue de bois et des expressions toutes faites pour redevenir un performatif present en chaque etre humain. « Pour les Guerriers du Chaos, il n’y a pas de devenir, pas de revolution, pas de lutte, pas de voie ; chacun est deja le monarque de sa propre peau, sa liberte inviolable n’attend que d’etre completee par 1’amour des autres monarques, une politique de reve, urgente comme le bleu du ciel et la folie de notre siecle. » ecrit Thierry Ehrmann dans la newsletter du 3 aout. La liberte du monarque, c'est bien de faire exister autour de lui le monde qu'il souhaite, par sa parole de majeste. La boucle est bouclee quand Thierry Ehrmann explique pourquoi il emploie la premiere personne du pluriel quand il evoque la DDC: « Le « Nous » est le pluriel de « Majeste ». Le « Nous » est une maniere de s'effacer parce qu'il y a toujours des etres qui partagent avec toi et qui, sans etre forcement dans la lumiere, sont contributeurs de tes actes et de tes avancees.(...) quand il s'agit de creation, je dis « Nous » ».

Les propheties de la DDC sont « auto-realisantes». Chaque fois qu’un nouveau groupe de propheties apparait, il se conclut par cette ultimę prophetie, toujours la meme: « #999 Les propheties de la Demeure du Chaos deviennent auto-realisantes, le site depasse le million de visiteurs uniques par jour, panique des pouvoirs publics ... ». Cette reference permanente a 1'autorealisation est d'abord un clin d'oeil a la notion de performance, ou l^łoeuvre d^łart n'existe que dans sa realisation, le geste de 1'artiste. L’oeuvre d'art se substitue ainsi a sa propre demarche, comme le White Circle de Yoshihara, fondateur du mouvement Gutai, n'est rien sinon un corps a corps avec la couleur qui n'existe que dans le geste du peintre: « L’art doit partir du point zero absolu et se developper selon sa propre creativite⁹⁸».

L'autorealisation, c’est aussi le « deviens qui tu es » qu'a enonce Goethe. Devenir monarque de son propre corps et de son propre recit. S'auto-realiser comme une prophetie, un futur possible et qui nous plait. Ecrire par ses actes sa propre epopee, en puissance en chacun de nous.

L'avant demiere prophetie, en verite la demiere puisque la demiere a ete redigee des le debut, enonce: « il accomplira ses propres ecritures pour depasser ses ultimes frontieres ...» (a propos de

Lukas Zpira) Accomplir ses ecritures, comme le voyage ultimę. Faire ses armes.

98 Ibid.

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