- 40 —
lni infliger des souflrances inutiles et de ne rien faire qui puisse amener les odieuses aggravations el les bar-bares represailles qu’engendre le dechainemenl des passions cxcitćes par la lutte. »
Telle est la regle de conduile qu’il faul tracer aux chefs d’armće et aux ehefs dc corps; et ce qu’il y a de mieux pour en obtcnir autanl que possible Pexecution, c’est de placer chacun d’eux en face des principes de la morale qu’il doit connaitre, des sentiments de 1’huma-nite qu’il doit eprouver; en face de 1’opinion publique qui lesurveille, dujugement de ses contemporains qui lui est rćservć; en face de sa conscience et de la res-ponsabilile qui Taltend devant Dieu et devant 1’hisloire.
ce qu’a fajt la conference de bruxelles ET CE QUF.
DOIT FAIRE LA CONFĆRENCE DE SAINT-PETERSBOURG.
Les adversaires el les parlisans de la Conference de Bruxelles ógalemenl jaloux d’etablir, les uns qu’elle a echoue, les aulres qu’elle a reussi, ont deji publie bien des ecrits sans avoir pu de part nid’aulres le dómontrer. II n’en saurait ćtrc autrement; car on doit d’abord marquer le but pour savoirensuite s’il aćtćatteini.
II faul rappeler aux adversaires et aux parlisans de la Conference de Bruxelles, ce procśde normal et ele-mentaire qu’ilsontneglige, sanslequel pourtant l’entente est impossible, et les ramener sur le terrain ou nous nous sommes place des le debut.
Si Bon ne veut pas limiter I’oeuvre dc la Conference de Brincelles 4 un but uniąue, il faut du moins recon-naitre que son but principal, son but essenliel etait d’inaugurer au sein de la diplomatie 1’ere de la libertś de discussion sur les lois de la guerre et de jeter les fondements de ralliancedela diplomatie et de la science, appelćes parle double concoursdeleur action collective a elaborer la codification des lois internationales rela-lives 4 la guerre. Si cc premier essai d’inauguration de la liberie de discussion dans la diplomatie sur les lois de la guerre et ce premier essai encore d’alliance de la diplomatie et de la science venaient a ćchouer, c’en ótait fait pour longtemps de rceuvre de la codification graduelle des lois internationales de la civilisation de la guerre.
I/initiative de Pempereur Alexandre II, qu’on a louee unanimement comme inspiree par un sentiment genć-reux de philanlhropie, avait une plus liaute portee. Les lois de la guerre, si Pon peut donner ce nom a ses us et coutumes, n’ont jamais ete que la loi du plus fort. Par la convocation de la Conference dc Bruxelles, 1’em-pereur Alesandre disait donc a la force de resigner son empire, et de ne plus se charger dćsormais de faire les lois de la guerre, que le droit seul devait etre appele k ćlaborer, a discuter et a sanctionner.
Des Tapparition du projet russe, cette grandę pensee philosophiquc et morale me parut tellemenl dominer 1'inspiralion philanthropique, que je fus effraye des ecueils qu’elle aurait a ćviter et des diflficultćs qu’elle aurait k vaincre, pour arriver ase faire accepter et con-sacrer par les delegues des gouvernements de 1’Europe convoques a la conference de Bruselles.