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Yement i le rćaliser. Mais ce bien relatif, alors nieme qu’il ne saurait s’appeler la paix perpótuelle, n’est-il pas d’une assez grandę valeur pour meriter qu’on le poursuire avec la persevćrance du dćvouement. Comraent attendre autre chose qu’un bien relatif de toutes les reformes sociales, et pour ne parler que de celles qui font 1’objet spćcial de nos ćtudes, a-t-on jamais pu espćrer que par 1’abolition de la peine de mort, on arriverait a autre chose qu’A diminuer le norabre des raeurtriers, lorsąue la justice huraaine, en s’abstenant de commettre froidement ces meurtres lćgaux, viendrait ainsi accroitre le respect de la vie de 1'hoinme et l’aversion de rćpandre le sang humain ? A-t-on pu prótendre par la rśformę penitentiaire corriger tous les inalfaiteurs, et le seul but qu’elle poursuit n’est-il pas de diminuer le nombre des rćcidives?
Ne demandons donc a 1’arbitrage de rendre i la civilisation de la guerre que les services qu’on peut rćellement en attendre; et pour indiquer ce que l’avenir nous semble lui reserver, nous dirons que la loi de la sociabilitć qui róunit les individus en nations est appelć A g>rouper progressivement les nations elles-raemes en confćderation, etque 1'arbitrage inter-national pourra exercer, par son organisation normale, la plśnitude de son influence parmi les Źtats confć-dćrćs. Quant h ceux qui ne le sont pas encore, en 1’absence de ce lien fedćral, il y en a un autre prćexistant qui les unit.
Aprfcs que le christianisme avait relevó la dignitć de l homine par la rśvćlation de la personnalitć de sa natur© et qu'il avait preche le principe de lafraternitć huraaine, la science est venue confirmer 1'admirable harmonie qui existe k cet ógard entre 1’ordre morał et 1’ordre econoniiąue. A cótó du princiąe de fraternite qui devait unir les hommes, olle enseignait celui de la solidaritó qui devait unir les peuples.
Ainsi donc ce qu’il faut attendre de 1'arbitrage, c’est de voir son influence progressive se substituer k la voie des arraes pour le róglement des conflits inter-nationaux, de telle sorte que la paix soit 1’ótat normal et la guerre au contraire uu fait exceptionnel, et de jour en jour plus rare dans le raonde civilisó.
Loin de nous toutefois 1'intention d'imiter ceux qui bl&ment avec une dódaigneuse ironie les hommes dont l'ame enthousiaste et la pensóe vigoureu.se poursui-vent l'idćal de 1‘arbitrage jusqu’A la paix perpótuelle.
« On raille trop souvent, dit avec beaucoup de raison M. Caro, la paix perpótuelle comme une utopie... La paix perpótuelle est peut-etre une utopie en ce sens qu‘elle ne pourra jamais devenir une róalitó au milieu des passions humaines; mais elle est certainement un ideał vers lequel k tout prix il faut tendre. Quand meme cet idóal ne devrait jamais etre róalisó, rien ne nous dispense d*agir comme s*il devaitl*etre unjour.* Puis notre savant confrere, interprete de la pensóe de Kant, ajoute : « Son veto opposó k la guerre n’est pas un veto relatif, conditionnel, il est absolu. La raison ne dit pas que la paix perpótuelle sera róalisóe. Cela ne la regarde pas. Elle dit qu’il faut agir comme si cette paix devait etre róalisóe un jour. Cela seul la regarde. Le reste est du ressort des choses contin-gentes, k la merci du hasard et de l’impróvu. Mais ce but supreme, la constitution d’un ótat judirique