410 SAIKTE-ANNE DAURAY
sur le point de cćder au dćcouragement; mais sainte Annę, quc je ne ccssais d'invoquer en lui promcttant dc faire un p&lerinage & pied aller et retour, me donna la force de tenir. La nuit se passa ; midi arrive; pas de secours. Enfin un contre-torpillcur, qui depuis quelque temps tournait tout autour des ćpaves, remarqua mes signaux. II mit le cap sur moi et me recueillit. Arrivć sur le pont, je perdis aussitót connaissance. Sainte Annę m’avait sauvć * (1).
Les dangers auxquels sont exposes les hommes de la marinę mililaire sont aussi frćquents, plus frćqucnts meme en temps de guerrc, que ceux de la marinę marchanda. Et bicn des faits attestent que sainte Annę leur est aussi secourable.
Henriettę de France, reine d'Angleterre, « filie, femme, mfcre de rois si puissants et souveraine de trois royaumes », — vint ft Sainte-Annc en 1644. Au cours dc la traversće qu’elle fit pour fuir ses sujets r<5voltćs. elle se voua h sainte Annę au miiieu d'une tempćte horrible dans laquellc elle faillit pćrir (2). Ayant enfin bcureusement dćbarquć sur la cóte bre-tonne, le 26 juillet, elle se mit immćdiatemcnt en route pour accomplir son vu;u. La reine, aprits avoir remercić sa libćra-trice, laissa & la chapelle. en tćmoignage de sa reconnaissance, une croix d‘or enrichie de diamants (3).
— Le 9 mara 1662, le commandant de la Siminante attesta
(1) La dćpoaition de M. le Bihan a <!t< intćgralcmcnt reproduite par \'Echo de Keranna en 1917.
(2) Voici en quela termos Boaauet d<5crit une tempitc oń elle faillit pdrlr:
■ Je trcmble au aeul rćdt de la tempćte furieuae dont aa flotte fut battue dumni dix joura. Lca matelota furent alarmća juaqu'& perdre 1'eaprit; et quclqucs-una d’entreeux ae prćcipittrent dana lea ondea. Kile, toujoura intrdpide, rasaurait tout le monde par aa fermetd; elle excitait ccux qui 1'accompagnaicnt & eapćrer en Dlcu, qui faiaait toute aa eon* flance ; et, pour ćtoigner de leur esprit lea funestea idćea de la mort quł ae prlsentait de toua cóttfa. elle diyut avec aćrlnitd que lea reinea ne ae noyalent paa... Elle vit p<rir aea vaiaseaux. Le [vaiaaeau] amiral oń elle <tałt fut rcpouaać aut porta dc Hollande, et toua lea peuplea furent Itonnća d une ddlirrance ai miraculeuae.., ■
(3) Archiee* du Uorbihan, H. 17. — SoeidU arckiologiątie du Finittire: 1910, que son vaisseau avait ćtó miraculeusement sauvć, par trois fois, d'un danger de pćrir ćvident, grAce A la protection de sainte Annę, prAs dc l*łle de Wigth, prAs de 1’ile de Hć, et surtout A Tentrće du Morbihan, — 0C1 il eut A subir, dit-il, un des plus rudes coups de vent qui se puisse imaginer, A tel point que les deux cAbles qui mouillaient le navire furent rompus, et il ne resta plus aux marins d’autre espoir de se sauvcr que d’invoquer sainte Annę.
— Lei 3 juin 1676, le capitainc Joyeuse vinten pAlerinage A Sainte-Anne d'Auray avec laumónier du bord et ses prin-cipaux officiers. Dans une traversAe, dont la durAe avait dćroutć toutes les prćvisions, lequipage semblait condamnA A mourir de faim ; 36 hommes avaicnt dAjA succombA. On eut enfin recours A sainte Annę; et c'est A elle que les survivants attribuent leur conservation (II, 476).
CAtaient bien aussi des hommes de la marinę de 1'Etat ces 42 Arzonnais qui, le 9 juin 1673, luttArent si hAroiquemcnt, et grAce A sainte Annę si heureusement, contrę les Hollandais. Mais eux ne se sont pas contentAs de vcnir remcrcier leur bicnfaitrice une fois : ils ont Atabli dans leur paroisse une tradition que leurs descendants se font toujours honneur dc continuer (1).
— /.« i mars 1675, le commandant de L* Toison d'Or vint
(I) Voir le • Voeu des Arzonnais > dans les fótes du XVII* siócle.
M. Abgrall, dans une dtude sur les ■ Monument* du cultc de Sainte-Anne au diockse de Quimper •. signalc un beau retable k Pontcroix, qui porte la datę de 1673 : il se dcmande, & causc de la colncidcnce des dates, si le voeu des Arzonnais n*eut pns quelquc inlluence sur la confection de cettc ccuvre, et s'il ny avait pas aussi des marina dc Pontcroi* dans cctte ezpćdltion. (fletnie dr tireUgnę, I90t).
11 y eut k cette ćpoque deux bataiUes navales entre les Franęais et les Hollandais, cngagćes toutes les dcux le 7 Juin, l'unc en 1672, 1'autre en 1673.
Or’la protection miracuteuse dont les Arzonnais bćnćflcitrcnt le7 juin 1073. dautres marins bretona l'avaicnt d*jk obtenue, un an auparavant, le 7 juin t672.
Ceux d’Arzon ont attribuć leur prdscrvation k sainte Annę qu'ils ayaient invoqu<«. l-es autres, qui ćtaient dc Douarnenez. durent leur salut k la Sainte Vierge, publiquement invoquóo par le P. Maunoir dans leur óglise paroissiale k l'hcure mkmo du combat. • Prions la Yicrgc Marie, a'ótałt ócrió tout k coup le saint Missionnaire. pour les marins de Douarnenez. Aucun d‘eux n‘est atteint. mais ils sont fort exposćs. • Et il avait entonn* aussitót un cantique breton.