412 SAIKTE-ANKE DAURAY
en pćlerinage avec son ćtat-major, pour accomplir le voeu qu’il avait fait avec 175 homraes de son ćquipage, officiers et matclots. Abandonnć pendant cinq ou six jours, sans pou-voir se gouverner, i la mcrci d'une terrible tempAte, le bfiti-ment ćtait vouć k une perte certainc : l’ćquipage. « k lunani-mitd » invoqua sainte Annę, et k 1’instant le soleil apparut; le vent changea et personne neut de mai.
— Dans le duel mćmorablc de la SuroeilUnle et du Quebcc, pres d Ouessant en 4780ł le cćlfcbre timonier Le Mang (de Kervignac) grimpa sous une grćle de balles dans les haubans pour attachcr un mouchoir blanc, k la place du drapeau abattu par un boulet enncmi. Et ce trait de vaillance, qui stupćfia les Anglais, dćcida la victoire k changer de bord, et fut en mime temps pour le hćros qui 1’accomplit le prćlude d’une brillante carriere.
S’il faut en croire le chant populaire qui rcmonte A une ćpoque tr£s voisine de r<$vćnement, le futur amiral ćtait venu, que)quc temps nvant le combat, confier sa vie k sainte Annę, dont le souvenir se rattacherait ainsi k un g!oricux exploit de la marinę franęaise (1).
• — Pendant la campagne du Mexique, oCi la maladie plus encore quc la guerre fit un grand nombre de victimes. l‘ami-ral La Ronciere Le Noury fit vceu, en son nom et au nom de son escadre, de vcnir en pelerinage k Sainte Annę.
II y vint ou mois d'aofit 1867, avec son śtat major, scs canons et 500 marins. La proccssion se fit autour du champ de l'Epine ; et cc fut au bruit de 1’artillerie (plącąc face a la Fontaine) et au son de la musique de la flotte, que se dćroula le defile. k la fois liturgique et militaire. ou sainte Annę rece-vait, au milieu d'une solennite imposante, Ihommagc de la marinę franęaise et des marins bretons (2).
— En 1868, lorsque la statuę de sainte Annę reęut les hon-neurs du couronnement, le ministre de la Marinę dćlćgua le prćfet maritime de Lorient pour le reprćsenter k la cćrćmonie. Cćtait un hommagc officici, mais on jugea qu'il devait rev£-
(I; Cf. B*r**t‘Brtii: le chant du pilote.
;2) Un Yitrail de la baailique rappelle cet <vćnement et aa datę.
tir aussi un caract&rc populairct II s'agissait, dans cettc cir-constance, d’honorer la Sainte que les marins bretons re-gardent comme leur protcctrice et łeur mdre : sachant que c’est la Brctagne qui fournit k la marinę franęaise son princi-pal contingent, 1’Empcreur estima que les marins cux-mómes devaient prendre part k la fćte. En consćquence lescadre du Nord rcęut l’ordre de quitler Cherbourg pour se rendre k Quiberon, d'oii 1’amiral viendrait k Sainte-Anne avec son ^tat-major et une compagnie de dćbarquement. artillerie et musique (4).
— « ... Au dćbut de la guerre de 1870. sept cent huit marins dc la circonscription de Vannes avaient 6t6 levćs et ćtaient partis pour le scrvice. lis avaient suivi toutes les pćripćtics dc la guerre. Dissćminćs dans les ports militaires, les !Uns avaicnt armć nos vaisscaux, d’autres avaicnt ćt<5 rćpąrtis dans nos diverses armćes du Nord. de la Loire, dans les forts de Paris. Et ces marins qui avaient ćprouvć des fortunes si diverses, participć & tant de combats, couru tant de dangers, subi tant de fatigues et de maladies, tous sans aucunc excep-tion ćtaient revenus dans leurs familles. Deux d'entre eux seulement avaient ćtć blessćs, et deux autres faits prisonniers.
« A quoi attribuer une protection si extraordinaire? Les marins ne s’y trompercnt pas: ils avaicnt tous fait, avant de partir, le pfelcrinage de Sainte-Anne d’Auray. Ils ne cher-cherent pas ailleurs la cause de leur prćservation, et ils vou-laicnt en remercier leur bienfaitrice. »
C’est 1’amiral Gicqucl des Touches qui raconte lui-mćme le fait, et il ajoute : J'ćtais depuis quelqucs mols prćfct maritime de Lorient lorsque je vis arriver chez moi le commissaire de 1’Inscription maritime de Vannes, M. Kaimont du Chćlas. Lui aussi ćtait un croyant; et il ćtait aussi frappć que ses marins de la protection ćclatante dont sainte Annę les avait couverts. — « Dans leur reconnaissance, me dit-il, les
(i) Lescadre dtait commandće par 1'amtral Dompierre d'Hornojr. Bile vint jusqu'en rade de Quiberon : mai* uno tcmp4te violente einpCcha le* marin* de dlbarqucr au jour fix<?
II* furent officiellement reprć*ent<* li la file par le prrffct maritime, vice-amiral d'Herbinghem, qui, dan* son diacours, justifla son mandat par cc* parole* : « Sainte Anno e*t la patronne de la Bretagne, et c est pourquoi le* Breton* aont ici »ujourd'hui. Mai* sainte Anno c»t au*»ł la palronine de* marins. et il dtait bon qu'elle ińt aujourd’hui v<nćrde par un reprdsentant de la Marinę. •