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lumiere qui formę le coin oriental des maisons blanches du bureau arabe. [...] Comme le prisonnier, afifalć, avait ralenti le mouvement de son bras, le deTra le reveilla d’un coup de pied.
- Tire, chien! Sidi le lieutenant a chaud et tu auras affaire a lui; si tu dors, gare a ta peau! [...]
Mon lieutenant, il y en a Ahmed, le prisonnier, qu'il dit toujours pas ou qu'il a mis les legumes qu'il a voles au jardin du bureau arabe.
- Bon, tu lui foutras une raclee ce soir.347 5
Utilisant le double contraste, Eberhardt obtient un efifet renforce; premierement elle fait s'opposer le misćrable indigene a un Kabyle en bumous bleu dont le comportement fait penser a «ce Client pauvre qui rabaisse» dont parle Mannoni, deuxiemement, elle confronte deux attitu-des du Kabyle : celle envers 1'indigene dont il se sent le superieur utilisant un langage injurieux et 1'autre envers son supćrieur laquelle se caracterise par une extreme delicatesse; «Discretement, le deira entra dans le bureau».348 Le modele de relations maitre/esclave est ici evident.
L'univers eberhardtien est peuple de personnages le plus souvent opposes et c'est le resultat de la politique coloniale qui influe sur les dif-ferentes lignes de partage. Nćanmoins, trop consciente du simplisme d'une telle vision du monde, l'ecrivain y introduit des personnages qui fuient les schemas reductionnistes et qui rendent ce monde plus complexe et vrai car son principe majeur est de rendre la vraie vie arabe.
* * *
La Rosę de Sabie de Montherlant est un roman qui met en evidence 1'impossibilite du dialogue entre le colonisateur et le colonise :
Cette histoire d'amour, entre un jeune ofificier franęais en mission dans le Sud marocain et une adolescente du pays, une sorte de femme-enfant du nom Rahma (Ram pour Auligny parce que cela fait plus “racinien”) est interes-sante parce que nous suivons l'evo!ution psychologique du jeune franęais qui, pour echapper aux tourments de sa solitude saharienne et tromper son ennui, cherche une compagne, tombe dans son propre piege et conęoit pour cette adolescente une passion telle que, du colonial imbu de la grandeur fran-ęaise qu'il etait en debarquant a Tanger, nous retrouvons ś la fin du roman, juste avant sa mort, un anti-colonial convaincu de Terreur et de 1'injustice de sa patrie envers une civilisation digne de respect et d^dmiration.349
J',, I. Eberhardt, Sous leJoug, op. cit., p. 183.
Ibid.
J4’ A. Lahjomri, L'image du Maroc dans la litlerature franęaise du Loli d Montherlant, Alger, S.N.E.D., 1973, p. 291.