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donc misę en evidence chez Bertrand et Randau car tous les deux avaient une experience personnelle de la vie algerienne ainsi qu'une parfaite con-naissance de la problematiąue coloniale.
Les descriptions inserees dans Le Sang des Races revelent la vie des rouliers, espagnols surtout, en Algerie qui y sont venus chercher du pain. On acquiert une quantite d'informations sur leur modę de vie en Algerie coloniale, avec cependant un fort accent porte sur l'acquisition d'une nouvelle identite algerienne, ce qui correspond au penchant a assimiler la culture franęaise plutót que de soigner leur vieille culture espagnole. L'Autre assimile sur le territoire colonial franęais devient Algerien par le biais des racines latines communes, fondement de la legitimite de l'occu-pation de la terre d'Algerie. Selon une telle perspective, 1'Espagnol, le Maltais ou 1'Italien ne rentrent pas dans la categorie de 1'Autre. Par contrę, celui qui habite cette terre depuis des siecles n'est pas appele Algerien, il est tout simplement 1'Arabe, le tronc-de-figuier ou le bicot. C'est pourquoi les descriptions concemant le modę de vie arabe, les pratiques artistiques ou religieuses ne trouvent pas beaucoup de place dans le roman bertran-dien; les descriptions les concemant prennent un caractere plutót orne-mental que mimetique ou mathesique : cette faęon d'ecrire correspond a la description tres sobre d'un obligatoire «bumous trainant sur les talons»376 ou bien a «ce cavalier arabe en son manteau rouge»377 dont la fonction dans le texte est toujours omementale ou a 1'indice acoustique qui equivaut a «des chants arabes (qui) s'elevaient de la haute ville et, par-dela les navires du port, la courbe merveilleuse des rivages pressait les eaux frissonnantes».
Le texte bertrandien donnę une breve information sur la faęon dont les Arabes servent le cafe dans le Sud algerien, ce qui appartient plutót au cóte mythique de cet acte celćbrć par les autochtones : «des Arabes des tentes voisines leur apporterent le cafe dans de petites tasses.»379
Par contrę, les descriptions bertrandiennes concemant 1'Autre repren-nent leurs fonctions mimetique et mathćsique au moment de presenter les paysages : le lecteur est impressionne par tous les details topographiques. Citons une des descriptions de ce paysage africain pour reveler le con-traste entre le non-dit sur la culture arabe et des informations exactes sur 1'espace africain:
J14 L. Bertrand, Le Sang des Races, op. cit., p. 229. Jł7 Ibid., p. 323.
371 Ibid., p.2ll.
379 Ibid., p. 240.