La question de l'Autre et de sa presence ou de son absence dans les ouvrages analyses ainsi que la question concemant son statut dans les textes etudies est le probleme Capital de notre travail. Nous avons cherche a montrer comment 1'image de 1'Autre fonctionne dans des ouvrages varies; en commenęant par le roman colonialiste de Louis Bertrand pour aller jusqu'au texte esthetisant d'Andre Gide, «degrć zero» de 1'ideologie, par quelles lignes de force cette image est regie, dans quelle mesure elle est 1'effet de 1'imaginaire collectif des Franęais ou le rćsultat de la mentalite d'alors. Tous les textes analyses portent sur les colonies franęaises, donc sur un territoire situe loin de la France, ainsi la distance geographique, spatiale et culturelle est inscrite de faęon immanente dans ces ecrits. Si nous admettons que la distance et avec elle ses derivees : le divers et 1'Autre sont le fondement meme de l'exotisme, tous nos textes etudies, aussi bien ceux qui peuvent recevoir l'etiquette de «coloniaux» que ceux qui en different, peuvent etre qualifies d'exotiques, bien que certains textes exotiques puissent ne pas etre coloniaux.
L’Exotisme n'est donc pas une adaptation; n’est donc pas la comprehension parfaite d'un hors-soi-meme qu'on etreindrait en soi, mais la perception aigue et immediate d'une incomprehensibilite etemelle.
Partons donc de cet aveu d'impenetrabilite. Ne nous flattons pas d'assimiler les moeurs, les races, les nations, les autres; mais au contraire rejouissons-nous de ne le pouvoir jamais; nous reservant ainsi la perdurabilite du plaisir de sentir le Divers.47®
L'eloignement est donc pour Segalen la condition premiere pour pouvoir saisir 1'Autre dans toute sa diversite; si l'on est trop proche de
470 V. Segalen, Essai sur l'exolisme, une esthetique du divers et Textes sur Gauguin et 1'Oceanie, Fata Morgana, 1978, p. 38.