3. LINDISPENSABLE APPORT DES CONNA1SSANCES POUR EFFECTUER LES CHOIX
Nous venons de voir que Lamenagc-ment du travail pośle implique de retenir des options, parfois contradic-loires. et de rechercher !e meilleur compromis possible dans une situa-lion concrete (atelier. service. enlre-prise). Ces cłioix reposent sur un ensemble de donnóes dont certaines proviennenl des nombreuses recher-ches ellecluecs dans ce domaine. II convient donc ici de les expiiciler succinctemeni.
lravail. Si celle derniere solulion. quand etle est bien conduite (reduc-lion du nombre cl/ou de la duree des vacation$. abaissemenl de la durśe hebdomadaire du lravaii et non aug-menlalion systema(ique des conges annuels par exemple) represente une reponse positive aux dillicuUes ren-conirees. elle ne doił cependant pas masquer les problemes de lond.
L homme. comme toul eire vivanl. csl sou mis a des rythmes biołogiques (voir encadró - Chronobiologie •) qui allecient le fonciionnemeni de son organisme. Ces rythmes conlereni aux £tres vivants une vśritabfe struc-ture temporelle dont les periurbaiions ne sont pas sans danger.
La rythmicile du lonctionnemenl hu-main se rópercuie bien evidemment sur les activiies de lravail. De ce fait. elle contredit le lravail postś dans ses londemenis et noiammenl dans ses poslulats de stabilite et dc fiabilitć permanentes de Lhomme. Nous abor-derons donc les consequences du lravail en conlinu el nous illusirerons brievemeni fimpact des rythmes cir-cadiens sur les activites de travail et leurs rćsultats -
La Chronobiologie
La chronobiologie est 1'ćtude des rythmes biok>giques.
L’observation d uo animal pendant un lemps assez long permet de constater Laltcrnance de momenls de lorle acti-vite contrastant avec des momenls de faibie activite. Ces variations ne se distńbuent pas au hasard. Elles se reproduisent a intervalles reguliers. Nous dirons que Lanimal presenle des cydes d*activite. II s’agil ta d*une pre-mićrc manifestation des rythmes biolo-giques. Ceux-ci sonl prćsents chez lous les Stres vjvants, Lhomme y compris.
Les rythmes biologiques possedent Irois caractćnsttąues pnndpales :
1) Us aftecteni loutes las celtutcs. tou-tes les lonctions dunorganisme et par Id modułem ses capacites fonclion-nelies d toul moment: 2) ils sonl assi-milables. en premiere approximation. a une tondion s i nu solda! e dom il est alors possible de caracteriser les para-meires el noiammenl la periode. Celle-a evaJue l*inlervallc de lemps entre deux passages a un etat identique: quelques minules. un jour. un mois. une annće ...: 3) ils peuvent aflecler une meme lonction selon des periodes difterentes. Ainsi. la tempdrałure du
corps varie. chez Lhomme. au cours des 24 heures (on parte ators de rythme circadien). mais aussi au cours dc 1‘annee (rythme annueł).
L’existence de lelles ryihmicites a deux consSqueoces essentieUes : 1) toutcs les lonctions biologiques (regulation de la tempdralure du corps ou des para-mdtres sanguins. secretions hormo-nałes. capadlds cardiaque el respira-toire...) et les lonctions psychophysio-łogiques (sensibilite a la douleur, vi-lesse et prdcision des gesies. lorce, memoire. deledion de signaux...) en etani alfectćes. nos capadtds d eNec-luer une certaine adivite (y compris un travail donnd) sont essenliellement va-riabłes. Ainsi. d cenaines heures. nos reponses seronl peul-etre rapides mais pas tortóment exades; alors qu‘a d*auires heures nous rśagirons moins viie mais avec une plus grandę exacti* lude: 2) toute perturbation dans le dśroulement normal des rythmes s’ac-compagnera d‘une ddsorganisaiion de notrc lonctionnemenl el d un cout sup-ptementaire pour maintenir une activilś meme apparcmment mod^rde. Ces difficultes sonl a Lorigine dune patho-logie reconnue (voir derniere partie) en cas de decalagę horaire comme c’esl noiammenl le cas dans le travail postd.
3.1. Un probldme de fond : la rythmi-citć circadienne des capacitćs humaines
11 n*esi pas pensabie de parler du - travail posió » sans en aborder les consequences pour le travailleur el sa familie. II convient cependant de ne pas negliger les problemes inherents a l'execulion du travail lui-meme. Dire que - le travail de nuit c’esi penible • ne suffit pas a comprendre pourquoi. On reduil par ailleurs les difficultes dues a de la latique supplementaire et on sous-estime le cout reel du travail noclurne ou les risques encourus par les hommes el les insiallations. C'esł sur cette sous-estimation qu’est bdti le lravail poslć. En eltet. Lorganisation du travail en 6quipes successives se relayant toul au long des 24 heures reposc. sans le dire. sur fidee que des equipes differentes assureront a des heures differentes le meme travail. de la meme faęon. En d’aulres lermes. on suppose que Ihomme est slabie, aussi pertormant el aussi efficace. queiie que soit rheure du jour ou de la nuit. Sans nier lexisience de la faligue ou le carąclóre penible de l’activilś noclurne. ces modeles consi-dórent quc les operateurs peuvent « prendrc sur eux • et rćaliser correc-tement les Iśches qui leur sonl conliees : ne sommes-nous pas ca-pables de conduire nolre voiiure a 4 heures du matin? Oui, mais a quel cout el avec quels risques?
Dans cetle perspective. la reponse du monde du lravail consiste. dans la majorite des cas. a monnayer les inconvenients du lravail de nuil. mais aussi de week-end ou de jour fśrić comme si une heure de travail lapres-midi du 14 juillet equivaiail aux 2/3 dune heure de travaii la nuil. Dc plus en plus. ces inconvćnients soni n£go-ci6s non en avanlages linanciers. mais piulói en r^duciion d horaire de 3JŁ Horaires de travail et organisa-tion de I*ac1ivit6
Nous avons vu piecedemment que le travail reellemenl ellectue n*eiatl pas ideniique au travail iheoriquemeni prevu, que ce dernier n‘etait pas tou-jours le mSme de jour ou de nuil. enlin que les capacites humaines variaieni au cours des 24 heures. On ne saurail cependant en rester a une conception simpliste de la dimińulion noclurne des capacites humaines. En effet, si. dans diverses situalions. on constatc une rćduclion de l'aciivite noclurne (surveillance moindre. leciure abre-gee. conversations moins nombreuses. changements de posturę limi-tes...), en realiie, cette modilrcation quantitative se double de modifica-tions quahtatives. En d'autres termes. le lravailleuf de nuit n‘est pas simple-