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(v. 35) et on y cioise une ąuantne d’animaux effrayants, tels que des loups Ges avocats) (v. 119) et des serpents Ges procds) qui se regenżrcnt sans cesse (v. 138 et suiv.). La foule est trfcs dense (v. 486) et fes ames sont effrayees par les supplices dont elles sont temoins (v. 232 et suiv. ; v. 275 et suiv. ; v. 474 et suiv.). La structure sur laquelle se batit le texte est egalement calquće sur cdie des catabases traditionnelles : Maiot a «une Guyde* (v. 36) qui lui fait visiter les lieux et sa curiositć fait en soite qu'il la questionne i plusieurs reprises (w. 37-38 ; w. 123-126)2 1 2 3 4
Or. comme si cette toile de fond infernale ne suffisait pas i evoquer les atrocitćs commises par la justice et les obscurs dedales des couloirs carcćraux, Marot rajoute des pierres k 1'ćdifice de 1'horreur en pervertissant les juges qui rtgnent dans son enfer. Comme Ta pertinemment notć Florian Preisig, «si, chez Virgile et dans la tradition, Minos, Rhadamante et Eaque sont des paradigmes de probitć et d’infaillibilitć, exeręant, i la mantóre du Christ, une justice surhumaine, ils deviennent sous la plume de Marot de vćritables suppóts de Satan»2 5. En effet, les juges qui dćcident du sort post mortem des humains sont prćsentes dans la tradition comme les agents d’une justice equitable. Dans le Gorgias de Platon (523e-524a), Rhadamante, Eaque et Minos, fils de Zeus, travaillent «afin que ce jugement qui dćcide la route que chaque homme doit prendre soit le plus juste possible*2 6. Dans sa catabase, Ulysse croise Minos, dont il parle en ces termes respectueux : «tenant ie
3 Sur U pntsence des guides dans [es ter les de la tradibon infernale, reppeioas qu'Śnee est escortć par la SibyUc de Cumesjdans les cootrdes soutenaines et que Dante y est cooduit par Virgile ; tfans
les visions du Moyen Age, les moines sont gin des par des saints ou des anges ; le perroquet de Letnaire de Belges est accompagnć por Macurę, etc. En ce qui conceme la curiositć des heros qui s'aventurent en enfer, elle infonne tous ces textes et, comme le notę P. Brunei, ibid, p. 159, elk en dćfinit la structure meme: *!e ’questkranement* apparalt comme un vćritable 'patron dynamique*>. A ce sujet, voir tout paiticulićremcnt f/En/fcr de Dante, dans lequel le poete se rnontre tres curieux : XX, w. 103-105 ; XXII, w. 43-45 ; XXm, w. 73-75 ; XXVI, w. 52-54 ; XXVII, w. 55-57 ; XXIX, w. 106-108 ; XXXII, w. 43-44, w. 82-87 ; XXXIII, w. 115-116 ; Virgile lui idresse d'ailleurs des reproches i ce sujet: XXX. w. 145-148.
2^ F. Preisig, «L’inlertexte virgilien et ses enjetn dans L'Enfer de Marot., Bibiioiheąue d‘Humarusme et Rmaissanct, LVII, 3, 1995, p. 581.
2 5 Platon, Gorgias, trąd. inćdite, introduction et notes par M. Canto, Paris, CF-Flammarion, 1987,
p. 305.