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EXAMEN PICTURAL AYANT TRAITEMENT par

A. PHIL1PPOT

Loeuyre quil sagisait cle traiter en octobrc 1930 etait un complexe profondement dćsaccorde. Les operations de conseryation devaient donc se doubler cFun effort en vue de se rapprocKer de Iharmonie primitive.

De nombreux repeints et surpeints, de Iarges ..jutages” et un jeu varie de vernis avaient fausse les couleurs, les valeurs, les densites et les transparences. La neryosite incisive du dessin s en trouvait emoussee, tandis que Iharmonie de la composition etait rompue dans ses deux grands principes : les rapports chromatiques, base de Iunite decoratiye, etaient dese-quilibres et Ie jeu des valeurs, profondement transforme lui aussi, avait brise I unitę originelle de la composition spatiale et la coherence plastique des voIumcs.

Cet etat de confusion de Fensemble poussait le spectateur k ne plus examiner Foeuyre que par le detail, seul moyen de retrouyer, comme des monts emergeant des irregularites de la brume, les zones intactes ou Iartiste se rćyelait encore directement.

Dans ces conditions, le diagnostic esthetique devenait forcement un des guides importants dans le travail. Lui seul, en effet, permettait de considerer ckaque pkase des operations, chaque traitement Iocal, en fonction du but a atteindre sur le plan de I’ ensemble. Pour le restaurateur qui enlćye un surpeint, comme pour Fartiste qui applique un ton, le fragment n’acquiert sa valeur qu’en fonction du tout qui Iintegre.

Van Eyck voyait le monde par details et de pres ; mais a cette somme de fragments analytiques, ii conferait dans Fceuvre une unitę basće dune part sur une conqu£te de sa yision : la Iumiere, et d autre part sur un sens decoratif de la disposition des masses colorees. II fallait donc, avant d entreprendre les operations. percer par une sorte d intuition le yoile des reprises et pressentir cette harmonie primitiye vers IaqueIIe devraient se diriger les efforts.

II fallait ensuite, tenanl compte de I extreme diyersite des etats de conseryation dans un ensemble ou un panneau presque intact yoisinait avec un panneau presque completement surpeint, determiner, en conformite avec les exigences techniques de la conseryation, 1 ordre et Ic degre des operations de degagement, de maniere a reduirc progressiyement les discordances, au Iieu de les accroitre comme eut pu Ic iaire une elimination systematique des matieres non originales.

II fallait enfin sentir ou s arreter, saisir le moment d equilibre le plus fidele a I harmonie originale, au-dela duquel les discordances s accentuent de nouyeau parce que la ruinę se revelc, et ou Ic rcmede — s il existait encore — impliquerait une reereation inadmissible. Les difficultes resultaient surtout des transformations particulierement grayes subies par quatre panneaux : les Anges chanteurs, la Vierge, Dieu et FAdoration.

Au panneau des Anges chanteurs, un ecrasement generał avait ruinę le jeu tactile des empatements dont la souplesse onctueuse avait fait place k une surface Iisse uniforme, mince et seche. II en resultait esthetiquement Fappauyrissement du rendu des matieres, si fondamental cliez van Eych, et surtout des sensations de poids et de plastiquc des masses ; alteration saisissante par reference aux Anges musiciens, auxquels le panneau doit Iaire equilibre.

Les transformations subies par les panncaux de la Yierge et de Dieu etaient particuliement

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